Accueil ACTUALITES Présidentielle-Madagascar : ce second tour qui oppose Rajoelina et Ravalomanana

Présidentielle-Madagascar : ce second tour qui oppose Rajoelina et Ravalomanana

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Les deux ex-chefs d’État, arrivés en tête du premier tour de la présidentielle malgache qui a eu lieu le 7 novembre, s’affrontent pour la der ce 19 décembre.

Donc, aucun des deux candidats, Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana, n’a obtenu les 50 % de voix nécessaires pour l’emporter immédiatement après le 1er tour. Ainsi, Rajoelina a recueilli 39,19 % des suffrages, devant Ravalomanana qui en a obtenu 35,29 %. Un autre ex-chef de l’État, le président sortant Hery Rajaonarimampianina, a, lui, été distancé. Il a dû se contenter de la troisième place avec 8,84 % seulement des voix, selon la commission électorale indépendante (Ceni), qui a ajouté que la participation s’est établie à 54,3 %. Sinon, les 3 principaux candidats de l’élection, sur un total de 36, ont accusé les autorités électorales de fraude et de corruption et des recours ont été déposés devant le tribunal constitutionnel. Il s’en est suivi que ce sont bien Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana qui ont été qualifiés pour le second tour.

Contre un certain climat de suspicion…

Ce climat de suspicion a laissé planer l’inquiétude sur la suite du processus dans un pays familier des crises politiques depuis son indépendance de la France en 1960. Pour rappel, en 2001, Marc Ravalomanana avait proclamé sa victoire dès le premier tour de la présidentielle, provoquant une crise de sept mois qui s’était soldée par la mort d’une centaine de personnes. Il avait finalement pris les rênes du pouvoir sans que soit organisé un second tour. Mais, en 2009, il avait été contraint de démissionner sous la pression de l’armée. Celle-ci avait confié la direction du pays à l’opposant Andry Rajoelina. Les deux hommes s’étaient ensuite vu interdire de participer à la présidentielle de 2013, remportée par Hery Rajaonarimampianina. C’est donc dire que ce second tour ne fait qu’opposer les deux principaux protagonistes de la crise de 2009, lesquels ont dû attendre cette année pour régler leurs comptes dans les urnes.

… la commission électorale défend son intégrité

Par ailleurs, en annonçant les résultats, le président de la Ceni a de nouveau défendu le travail de la commission électorale. « Nous avons adopté trois règles de conduite : transparence, impartialité et indépendance », a déclaré Hery Rakotomanana devant les observateurs internationaux et nationaux, des journalistes et des représentants des candidats. « Nous n’avons accepté aucun ordre de quiconque dans cette élection. On n’a accordé aucun traitement de faveur à qui que ce soit », a-t-il ajouté. Andry Rajoelina a cependant estimé sur Twitter que « le traitement des résultats par la Ceni (n’avait) pas été transparent ». « Cela ne nous empêchera pas de gagner », a-t-il ajouté, appelant à « un large rassemblement ». Ayant assisté à la cérémonie officielle, les représentants de Marc Ravalomanana ont dit être soulagés de la sortie des résultats officiels, mais ont dénoncé des irrégularités. « Nous sommes très contents que la Ceni ait proclamé le résultat officiel du premier tour », a indiqué à la presse Anisoa Tseheno Rabenja, directeur de campagne de Marc Ravalomanana. « Nous allons toutefois faire usage de nos droits de recours à la Haute Cour constitutionnelle au vu des irrégularités que nous avons constatées », a déclaré Hanitra Razafimanantso, députée du parti TIM de Marc Ravalomanana. Les candidats ont eu deux jours pour déposer un recours. La Haute Cour constitutionnelle a ensuite eu neuf jours pour proclamer les résultats définitifs, après examen et délibération sur les requêtes. Dès le jeudi suivant l’annonce des résultats, l’avocat d’Andry Rajoelina avait déposé une requête portant sur des irrégularités présumées dans le décompte des voix au niveau de la Ceni. Le samedi matin suivant, l’avocat de Hery Rajaonarimampianina avait aussi déposé une requête demandant une annulation du premier tour pour irrégularités, l’équipe du président sortant dénonçant des fraudes le jour du scrutin.

Contraste entre la débauche de moyens de campagne et la situation du pays

Point important : dans un pays extrêmement pauvre, la campagne a donné lieu à une débauche de moyens de la part de MM. Ravalomanana, 68 ans, et Rajoelina, 44 ans, deux richissimes hommes d’affaires, pour tenter de l’emporter dès le premier tour. Ils se sont déplacés en hélicoptère, ont distribué à foison des tee-shirts et organisé des meetings à grand spectacle avec artistes et parfois même – pour Andry Rajoelina – feux d’artifice.

Quitus des observateurs

Côté observateurs électoraux, ceux de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA) avaient insisté après le premier tour pour que les réclamations se fassent uniquement par la voie légale. Pour l’UE, les « irrégularités » ont été « très marginales » et « n’ont pas eu d’impact sur la crédibilité des élections ». Pour rappel, à la veille de la publication des résultats du premier tour, les forces de l’ordre malgaches avaient appelé les candidats à « attendre patiemment les résultats » du scrutin du 7 novembre, mettant en garde contre « toute provocation portant atteinte à l’ordre ». Un appel qui semble avoit été entendu jusqu’à ce second tour du 19 décembre.

Avec le Point Afrique

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