Accueil ACTUALITES La Réconciliation Nationale : Mayila revient sur son idée de vote obligatoire

La Réconciliation Nationale : Mayila revient sur son idée de vote obligatoire

PARTAGER

Il y a quelques années, Maître Louis Gaston MAYILA avait proposé au chef de l’État et aux Gabonais que le vote au Gabon soit obligatoire. Après la naissance du multipartisme, Mayila avait constaté pour le regretter, que le premier parti politique au Gabon n’était ni le PDG, ni un quelconque parti d’opposition, mais l’abstention.

Dans son combat pour la Réconciliation Nationale, il revient pour proposer à nouveau, que le vote soit obligatoire au Gabon. À l’époque toutes les têtes pensantes étaient allées voir le Président Omar Bongo, pour lui dire que ce serait de la dictature, et que Mayila avait fait fort. Il avait tort de proposer cela, car ce n’était possible que pour les petits pays. En Belgique, sauf si je ne me trompe, le vote est obligatoire. La Belgique, capitale de l’Europe,  est-il petit pays ? Sauf si je me trompe, dans plusieurs pays du Benelux et d’autres pays que je ne connais pas, le vote est obligatoire.

Si on veut seulement faire l’effort de se souvenir, si en 2016, le vote avait été obligatoire, qui aurait mis en doute que tous les citoyens du Haut-Ogooué, seraient allés voter pour Ali Bongo, si le vote avait été obligatoire !

Deuxièmement, je constate encore pour le regretter, que beaucoup de mes compatriotes sont des analphabètes politiques. Si après la Réconciliation Nationale, le vote devenait obligatoire, la carte d’électeur deviendrait une pièce d’identité. Avec sa carte d’électeur, un Gabonais pourrait faire des transactions bancaires et justifier son identité. Avant de bénéficier de n’importe quel avantage qu’on peut attendre de l’État, on devrait justifier de sa participation au suffrage universel, en présentant sa carte d’électeur.

Des générations entières doivent se souvenir, que beaucoup de Noirs sont morts en Amérique  pour exiger le droit de vote. Martin Luther King en est mort.

Avant le retour du Général De Gaulle au pouvoir en France, les femmes ne votaient pas. Un mouvement appelé les suffragettes, s’est mis en place pour demander et exiger le droit de vote.  Quand on a remarqué, reconnu le rôle joué par les femmes pendant la seconde guerre mondiale, le général De Gaulle a accordé aux françaises le droit de voter, c’est-à-dire d’être citoyennes à part entière.

Tous ceux qui aujourd’hui se battent contre la Réconciliation Nationale, tous ceux qui aujourd’hui vouent Mayila aux gémonies par le simple fait qu’il se fait le chantre de la Réconciliation Nationale, sans leur manquer de respect, je me demande, si ce ne sont pas  des analphabètes politiques.

Tous ceux qui sont contre la Réconciliation Nationale peut-on dire que ce sont des analphabètes politiques ? Leurs arguments tombent d’eux-mêmes. J’affirme, qu’on ne m’a jamais opposé un projet qui puisse remplacer la Réconciliation Nationale. Nous attendons.

Je voudrais ici reprendre pour mes compatriotes analphabètes politiques, ce que disait Eugen Berthold Friedrich Brecht :

«Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique.

Il n’écoute pas, ne parle pas,

Ne participe pas aux événements politiques.

Il ne sait pas que le coût de la vie,

Le prix de haricots ou de poisson,

Le prix de la farine, le loyer,

Le prix des souliers et des médicaments

Dépendent des décisions politiques.

L’analphabète politique est si bête

Qu’il s’en gris et gonfle la poitrine

Pour dire qu’il déteste la politique.

Il ne sait pas, l’imbécile,

Que c’est son ignorance politique

Qui produit la prostituée,

L’enfant de la rue, le voleur,

Le pire de tous, les bandits

Et surtout le politicien malhonnête,

Menteur est corrompu,

Qui lèche les pieds

Des entreprises nationales

Et multinationales».

Ces paroles ne sont pas de moi.

Qui aujourd’hui, peut se lever à la face du monde pour dire que Berthold avait tort ? Qui aujourd’hui peut justifier la situation politique que connaît notre pays, en détail et par le menu ?  Qui aujourd’hui peut dire, qu’avec 1 500 000 habitants, et avec le montant de ses budgets successifs, le Gabon pouvait manquer de logements, d’écoles, d’hôpitaux et de routes ?  La question reste posée !

On peut aller chercher les causes de ce mal  dans la mauvaise gestion des gouvernants qui se sont succédés. J’ai fait partie de plusieurs de ces gouvernants. Je peux dire ce qui est à mettre à mon actif, peut-être aussi ce qui serait à mettre mon passif.

On peut rejeter le tort sur le colonisateur, C’est facile de dire que c’est la faute de la France, c’est facile de mettre le tort sur le dos du colon, qui a pourtant bien sûr, une grande part de responsabilité, mais ceci n’explique pas tout.

Dans n’importe quel pays du monde, dès qu’un malheur frappe un compatriote, tous les autres compatriotes se sentent concernés, pas au Gabon.

Dans n’importe quel pays du monde, dès qu’un compatriote a obtenu un succès, une distinction ou s’est distingué dans une discipline sportive ou scientifique, tous les compatriotes se reconnaissent dans ce succès et cette distinction, pas au Gabon.

Qu’on se souvienne du Docteur Donatien Mavoungou qui a trouvé un remède contre le sida, les Gabonais, les premiers, l’on voué aux gémonies, alors que d’après mes informations, un grand pays comme le Canada avait reconnu le mérite de la découverte du Docteur Mavoungou.

Tant que les Gabonais, n’auront pas compris que lorsqu’un Gabonais a faim, c’est tous les Gabonais qui ont faim, même avec des ventres pleins !

Tant que les Gabonais, n’auront pas compris que lorsqu’un Gabonais meurt, faute de soins, ce sont tous les gabonais qui se meurent, même s’ils ont l’illusion d’être vivants.

Tant que les Gabonais, enfin n’auront pas compris que leur destin est lié, tant que les Gabonais, n’auront pas compris que le malheur d’un Gabonais c’est le malheur de tous les Gabonais, nous continuons à débattre de la nécessité de la Réconciliation Nationale. Le jour où tout cela sera compris par un plus grand nombre de Gabonais, la Réconciliation Nationale s’imposera d’elle-même.

Il y a quelques mois, à 80 km de Libreville, devant une route coupée, je me suis vu pris à partie par un compatriote en colère vociférant des insultes et des insanités, parce que j’ai osé dire que « si Ali Bongo est malade, il a droit à notre compassion et non à notre haine ou à notre vindicte ». Cela m’a valu d’être traité sur tous les réseaux sociaux, de tous les noms d’oiseaux, soutenant que Mayila était le sosie d’Ali Bongo, et de démontrer avec photos à l’appui, les rapprochements qu’il faut faire entre Ali Bongo d’une part, et Mayila d’autres part. C’est une honte !

Qui n’a pas lu, sur ces mêmes réseaux sociaux, que dans son rôle de sosie, Mayila se serait rendu à Londres, où le chien de Madame Ali Bongo l’aurait mordu ?

Qui n’a pas lu sur ces mêmes réseaux sociaux, que Mayila arrivé à Paris, serait mort, oubliant que lorsqu’un Gabonais meurt, c’est une partie du Gabon qui se meurt.

Dans tous les pays du monde, je persiste et je signe, lorsqu’un citoyen détourne de l’argent, c’est pour s’enrichir, pour améliorer son quotidien, pour en profiter et faire profiter les siens. Au Gabon, fait insolite, un citoyen a trouvé le moyen de détourner des centaines de milliards de francs CFA. Devinez ce qu’il en fit. Il a creusé un grand trou dans sa maison pour enterrer ces milliards, oubliant que c’est cet argent-là qui manque pour construire les écoles, que c’est cet argent-là, qui manque pour la construction des routes et des hôpitaux, oubliant que c’est cet argent-là qui manque aux Gabonais qui ne peuvent pas faire trois repas par jour. Et comble de malheur on me dit que certains mangent maintenant dans les poubelles.

La Réconciliation Nationale c’est exorciser le mal. C’est se dire en face excuse-moi !  C’est reconnaître avec humilité, avec honnêteté que les malheurs d’un pays ne peuvent pas être attribués à un seul homme. Tout le monde est forcément ou complice, ou partie prenante à ce malheur, à des degrés divers certes.

Je n’ai pas honte d’être Gabonais, mais j’ai honte de partager l’appellation Homme avec ceux qui dans leur pays, se battent tous les jours, pour que leur pays s’en sort. Pendant ce temps moi je me taie craignant pour ma vie et pour les miens. Comment puis-je me dire Homme devant eux ?

J’ai honte de partager l’appellation Homme avec ceux qui ont peur quand leurs compatriotes ont peur, ont faim quand leurs compatriotes ont faim, sont malades quand leurs Compatriotes sont malades. Ces hommes et ces femmes on les retrouve en Afrique du Sud, qui malgré l’apartheid et ses ravages ont trouvé le moyen de réaliser une Réconciliation Nationale. Comment puis-je me dire Homme devant eux ?

Ces hommes et ces femmes, on les retrouve au Rwanda où malgré le génocide, les Rwandais ont compris que le salut était dans la Réconciliation Nationale.

J’aurais voulu être sud-africain, j’aurais partagé sa gloire et sa grandeur avec Nelson Mandela que j’ai eu des raisons de connaître.

J’aurais voulu être Rwandais pour partager avec Paul Kagamé, cette idée lumineuse, que ce qui arrive au Rwanda n’est pas le fait que Paul Kagamé soit à sa tête, mais parce que les Rwandais et les Rwandaises ont compris que c’est dans la Réconciliation Nationale que se trouve le salut du pays.

Mais je suis Gabonais et j’assume avec force et détermination, que la Réconciliation Nationale reste la seule porte de sortie, pour qu’un jour, on puisse encore s’appeler une Nation. NOUS GABON.

Maître Louis Gaston MAYILA

LAISSER UN COMMENTAIRE