Communiqué de Presse de la participation du Réseau des Organisations de la Société Civile pour l’Economie Verte en Afrique Centrale (ROSCEVAC ) à la réunion du Groupe d’Experts de la Commission Économique pour l’Afrique (CEA) sur le thème : « un marché régional du carbone pour une croissance verte et bleue durable (le cas des pays du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo) ».
2 au 4 Août 2022, Addis-Abeba-Éthiopie
Je voudrais d’abord remercier la CEA pour l’invitation qui m’a été adressée puis saluer la qualité du travail technique, scientifique politique amorcé pour apporter une valeur réelle au carbone du Bassin du Congo dans une perceptive d’équité, de mobilisation des ressources internes et de transformation des économies par la réalisation d’un Registre carbone et le développement des marchés régionaux du carbone.
Durant ces 2 jours nous avons eu l’opportunité d’être édifiés sur le marché carbone et ses déclinaisons dont entre autres, sa structuration, régulation, comptabilité, surveillance, vérification, certification, les registres de crédits carbones, les typologies des marchés, les liens avec l’Accord de Paris et les ODD, la planification des crédits carbones par secteurs de développement, les marchés de services écosystémiques, la tarification carbone, l’écologie, les investisseurs, la compensation des GES, les expériences nationales de développement du marché carbone, l’accès aux financements, la bancabilité des projets.
Au cours des travaux, j’ai présenté une communication en ma qualité de Président Exécutif du ROSCEVAC- Agence d’exécution de la CEEAC.
Les questions en débats suivantes ont structuré mon propos. Il s’agit notamment de:
- le marché carbone ce n’est pas que ça et ce n’est même pas que ça puisque le carbone est bradé
- L’absence de régulation, de libre concurrence, de choix de vendre le carbone au plus offrant, de spéculation du fait du marché, ne favorise pas la durabilité
- Pourquoi l’infrastructure et les standards du marché carbone ne sont-ils pas développés en s’inspirant de ceux des marchés boursiers internationaux et sur la base des indices boursiers?
- Pourquoi le marché carbone dans les pays de l’Afrique centrale en général et ceux du Bassin du Congo en particulier ne suit-il pas une architecture de marché mais plutôt une approche d’Accords de troc ne favorisant pas la transparence du marché (ex.: Initiative CAFI pour les forêts d’Afrique centrale)
- Pourquoi, la législation communautaire (CEEAC) ou nationale (Pays) n’est pas considérée comme un préalable dans l’optique de libéraliser ce marché potentiel, plutôt encore virtuel vu que les retombées concrètes semblent encore hors d’atteinte pour les populations ?
- Pourquoi les études sur les retombées et partage des co-bénéfices du carbone. Principe 10 de Rio, Populations vivant dans le périmètre. Populations tributaires des forêts L’implication des parlementaires, Des exploitants forestiers ne sont-elles pas systématisées? Inscription des bénéfices du carbone dans les lois de finances des pays membres du Bassin du Congo.
Pour cela, j’informe les organisateurs et hauts responsables du système des nations unies de la disponibilité du ROSCECAC-CEEAC dont j’ai la charge, d’avancer sur toutes ces questions en partenariat et collaboration avec leurs agences techniques spécialisées.
Pour cela, nous recommandons de:
- Disponibiliser les financements pour permettre la traduction et le décryptage des connaissances complexes en connaissances utiles au développement des communautés villageoises
- Disponibiliser les financements pour permettre l’appropriation et la divulgation des conclusions des différentes COP au niveau national comme infranational
- Disponibiliser les financements pour permettre la formation de la masse critique des experts très hautement qualifiés dans la lutte contre le changement climatique
- Disponibiliser les financements pour permettre une participation plus grande des acteurs africains et notamment ceux de la société civile à la COP27
Aussi, Pour aller de l’avant, nous pensons que les questions débattues durant ces 2 jours étaient opportunes et nécessaires mais elles ne sont pas suffisantes dans la mesure où le plus grand nombre de cible a encore grand besoin d’avoir accès à l’appropriation.
Cela est dû au fait que :
- Ces connaissances demeurent très élitistes, scientifiques, inaccessibles au plus grand nombre dont les communautés qui elles subissent les effets du changement climatique
- Qu’il n’y a quasiment aucun relais ni mécanisme ni moyens financiers au niveau national pour organiser l’appropriation, la gestion des connaissances et de l’innovation a travers des dispositifs approprié, la divulgation des connaissances, les conclusions des COP au niveau national comme infranational
- Que la masse critique des experts qualifiés dans tous ces domaines est très loin d’être atteinte en Afrique et spécifiquement dans les pays du Bassin du Congo.
Nicaise Moulombi
Président Exécutif Roscevac,
2eme vice-président Conseil Economique Social et environnemental- Gabon