Après le discours du Président de la Transition, le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, dans lequel il exhorte les populations à se défendre et à protéger leurs plantations face à la menace des éléphants, la communauté scientifique, la société civile et les ONGs se mobilisent sur la question.
Ce jeudi 21 décembre 2023 au CENAREST, Centre National de la Recherche Scientifique et Technique, a eu lieu une table ronde sur la problématique du conflit Homme/Faune sur l’initiative du Président du ROSCEVAC ( Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale), Nicaise Moulombi. Et autour de lui, les experts en matière de questions environnementales, la société civile, les ONGs et médias.
« Les dégâts causés par les grands herbivores (éléphants et buffles) et les primates (chimpanzés, gorilles) aux cultures, vont jusqu’à compromettre les moyens d’existence des familles entières qui vivent déjà dans une situation alimentaire précaire. Aux dégâts des cultures, s’ajoutent des cas de perte en vie humaines ou de lésions corporelles graves suite à des attaques d’animaux sauvages sur des personnes », a déclaré le Président du ROSCEVAC, et par ailleurs Président de Croissance Saine Environnement, pour tirer la sonnette d’alarme.
Après des brillants exposés et des échanges argumentatifs sur l’importance écologique des pachydermes, mais aussi sur la nécessité de protéger les vies et les champs des populations rurales, le groupe des experts a pondu quelques recommandations.
De l’avis des participants à la table ronde, il faut de toute urgence commettre une audit sur l’utilisation des fonds dédiés à la protection des écosystèmes pour la période allant de 2010 à 2023.
Au regard des faiblesses du financement intérieur lié au conflit Homme Faune, les participants ont décidé de soutenir la décision du Chef de l’État en matière de légitime défense dans le contexte du conflit Homme Faune. Mais ils estiment que les autorités devraient prendre également un arrêté allégeant et réactivant les battues afin d’éviter toute dérive qui conduirait vers le braconnage, le trafic d’armes et munitions.
Les participants à la table ronde ont souhaité aussi l’ouverture des négociations entre la communauté internationale et le CTRI, afin de redéfinir le cadre des engagements du Gabon en matière de conservation mais aussi en matière de destruction des récoltes. Ils souhaitent aussi la création d’une police d’assurance pour la prise en charge des dégâts aux cultures, financée par des fonds internationaux et la création d’un fonds d’indemnisation alimenté par les organismes internationaux, pour compenser les efforts de conservation des écosystèmes forestiers.
Le Président du ROSCEVAC Nicaise Moulombi a planté le décor à l’entame des travaux pour indiquer que cette table ronde a pour but de mener une réflexion sur les principaux enjeux des politiques de préservation de la biodiversité et des services écosystémiques au Gabon, en vue d’actualiser la politique publique actuelle liée au conflit Homme-faune et au développement des parcs nationaux. Mais également pour éviter le braconnage et la circulation des armes.
Il s’agissait également selon lui de mener une réflexion qui tienne compte de la mise en place de mesures idoines, référant par exemple à l’éco-conditionnalité, aux paiements pour services environnementaux, aux mécanismes de compensation, au bail environnemental, aux marchés de droits, à l’accès aux ressources génétiques et au partage avec les communautés des avantages issus de leur utilisation.