Accueil ACTUALITES Sommet de Paris pour le financement de l’Afrique : curieuse gentillesse de...

Sommet de Paris pour le financement de l’Afrique : curieuse gentillesse de la France !

PARTAGER

Rarement on a vu, dans le monde des affaires, un créancier compatissant et solidaire du débiteur sans grands calculs à propos. Le projet est généralement souvent que celui-ci ne disparaisse ou ne se trouve entièrement en incapacité totale de rembourser la dette qu’il doit, à cause soit d’un décès ou d’une faillite sans possibilité de ne rien saisir en contrepartie.

« Mais qu’un créancier se précipite au chevet de son partenaire débiteur pour suggérer et mobiliser une nouvelle dette cache clairement la volonté perverse de le maintenir dans ce cercle vicieux et infernal au travers des gages possibles existants et des gros bénéfices liés au taux d’intérêt », souligne le média panafricain Afric’Inter.

Dans le cas de l’Afrique, les gages existants sont ses matières premières, sol et sous-sol notamment, et dont l’exploitation lui échappe faute de technologie et de ressources logistiques et financières dédiées, mais aussi en termes de l’échange qu’elle ne contrôle pas, puisque ne fixant pas le cours des prix des matières premières, mais les subissant plutôt. Un rare marché d’ailleurs dans lequel ce n’est jamais le propriétaire de la marchandise qui en fixe le prix.

Revenons au sommet de Paris pour en interroger le contexte, l’opportunité, les ressorts et les perspectives.

Ce sommet, à l’initiative de la France, se donnait pour objectif d’éviter l’asphyxie financière qui menace le continent en raison de la crise sanitaire par le Covid-19. L’idée de ce « Sommet sur le financement des économies africaines » a été engendrée à l’automne 2020, quand le Fonds monétaire international (FMI) a calculé que le continent risquait de se heurter à un déficit de financement de 290 milliards de dollars d’ici 2023. L’initiative n’est pas donc ni de l’Afrique elle-même, encore moins des Africains mais de ces bourreaux financiers. Autrement dit, alors que les dirigeants du Continent sont concentrés à museler leurs peuples pour s’assurer une longévité au pouvoir ou une succession familiale, ceux d’autres continents se projettent pour anticiper, prévenir ou contrôler les différents basculements du monde à leur avantage, et à l’avantage de celui de leur peuple.

Que comprendre et conclure ? Que le continent est incapable de réfléchir profondément sur sa propre condition, de se projeter mais également d’amorcer des initiatives dans ce sens ? Alors que son importante diaspora n’attend que d’être sollicité pour déployer ses nombreuses compétences et ressources ?

Si l’Afrique fait figure de continent relativement épargné sur le plan sanitaire, avec 130.000 morts du Covid-19, selon les chiffres officiels, sur un total mondial de près de 3,4 millions, alors qu’on lui prédisait un enfer bien pire, elle paye par contre un très lourd tribut économique et social, faute d’avoir pu comme les pays les plus riches lancer de pharaoniques plans de relance. Et sa dette explose depuis la pandémie.
Selon le FMI, il manque près de 300 milliards de dollars à ce continent qui a besoin d’investir massivement pour enrayer la pauvreté, développer les infrastructures, affronter le changement climatique et la menace jihadiste.

En tout cas, on a parlé de moratoire accordé aux fortement endettés étouffés par les délais de remboursement pour leur permettre de souffler un peu, et de 33 milliards de dollars d’engagement financier pour soutenir le continent.

Quant à la question de l’effacement totale de la dette et à l’urgence de sortir de la logique d’assistance publique internationale conditionnée à de dures réformes, il faut les oublier pour l’instant, le maître ne le jugeant pas encore nécessaire pour son esclave. Quant à la sortie du FCFA, il va certainement falloir attendre le sommet de Montpellier pour en discuter sans forcément sans s’en séparer.

Quand l’Afrique sortira-t-elle de son complexe pour se réveiller et sortir de cette comédie mondiale dont elle est le dindon de la farce ? D’où et de qui lui viendra le sursaut d’orgueil ? Elle qui n’est pas pauvre mais qu’on appauvrit. ” La vie ce n’est pas d’attendre que les orages passent… C’est d’apprendre comment danser sous la pluie ” comme le suggère la romancière Sénégalaise Fatou Diome.

Avec Afric’Inter

LAISSER UN COMMENTAIRE