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Tribune : De la Paix des Braves au Rassemblement des Fils spirituels d’Omar BONGO ONDIMBA

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Je lis comme chacun, depuis un moment, les commentaires des acteurs politiques de tout bord, au sujet de la Paix des Braves lancée par Guy Christian MAVIOGA, président du Bloc Démocratique Chrétien et reprise par un collectif de partis politiques circonstanciellement constitués, dont le porte-parole, Clay Martial OBAME, a récemment été désavoué par son parti, le Rassemblement des Patriotes Républicains (RPR) de l’ancien Premier Ministre Jean Francois NTOUTOUME ÉMANE.

 Comme un heureux hasard de calendrier, c’est au même moment que René NDEMEZO’O OBIANG, président de Démocratie Nouvelle et actuel président du Conseil Economique Social et Environnemental lance son Appel à l’Unité des Fils spirituels d’Omar BONGO.

 Ces initiatives politiques concurrentes ou complémentaires, visent toutes un seul but : le rassemblement des Forces vives de la Nation autour du Chef de l’Etat Ali BONGO ONDIMBA, dans le but de rechercher la paix et la fraternité comme l’ont indiqué leurs différents promoteurs.

L’honnêteté politique me conduit à faire deux remarques : D’abord sur la Paix des Braves. L’initiative n’est pas nouvelle dans notre pays. La classe politique gabonaise y a déjà eu recours au début des années 90, précisément en 1993, à l’initiative du défunt Pierre-Louis AGONDJO-OKAWE, président charismatique du Parti Gabonais du Progrès (PGP).

 Cette première version de la paix des Braves que Père Paul MBA ABESSOLE, opposant au régime d’Omar Bongo de l’époque, considère toujours comme un poignard planté dans son dos, a conduit ensuite aux accords de Paris de 1994, conciliabule politique, qui a certes fait baisser les tensions sociales et politiques mais qui a aussi distribué et garanti des strapontins aux acteurs politiques de l’époque, au nom de la recherche de la paix dans le pays. Je me dois d’indiquer que le contexte politique de l’époque était réellement explosif, après la victoire d’Omar BONGO à l’élection présidentielle de 1993, victoire vigoureusement contestée par son challenger, le Père Paul MBA ABESSOLE.

Beaucoup présagent alors d’une initiative politique aux résultats mitigés. Ce rappel historique permet aux jeunes générations de comprendre pourquoi certains combattent vertement le recours actuel à la paix des Braves.

 La deuxième observation que je fais, porte sur l’initiative de monsieur René NDEMEZO’O OBIANG, président de Démocratie Nouvelle. Au sortir d’une audience avec le Président de la République, RNO a dit avoir exposé au Chef de l’Etat son idée de rassembler tous les fils spirituels d’Omar BONGO sans naturellement nous dévoiler ce qu’Ali BONGO ONDIMBA en a pensé. Cette initiative ne manque pas d’ambitions au regard du nombre de ceux et de celles qui pourraient être considérés comme les fils et filles spirituels d’Omar BONGO.

D’ailleurs, les PDGistes ne sont-ils pas les premiers en droit de se réclamer d’une filiation politique et spirituelle avec Omar BONGO ? On pourrait donc penser naturellement que le Parti Démocratique Gabonais serait le cadre idéal dans lequel se retrouveraient les héritiers politiques du Grand Camarade. A quelle fin, René NDEMEDZO’O OBIANG voudrait-il créer un autre cadre de concertation politique pour les fils et filles spirituels d’Omar BONGO ? ce sont des interrogations légitimes que RNO doit entendre.

 C’est certainement en se fondant sur une analyse plus panoramique que les plus grands détracteurs de cette initiative prétendent qu’il s’agirait en réalité d’une autre tentative de dialogue politique masqué. La plupart de ceux et celles qui animent aujourd’hui l’opposition comme la majorité, ne viennent-ils pas de l’école d’Omar BONGO ? René NDEMEZO’O OBIANG est-il vraiment dans une nouvelle offre politique ou dans le prolongement du dialogue social d’Angondjé ?

 La levée de boucliers qui a suivi l’annonce de l’une comme l’autre de ces initiatives politiques, m’interpelle particulièrement. J’ai donc cherché non pas à défendre mais à comprendre le pourquoi des choses. Je rappelle qu’il s’agit ici d’un débat public dans lequel chacun est en droit de donner une opinion dans le but de pousser les jeunes à s’emparer eux-aussi du débat.

Au lendemain de sa réélection de 2016, le Président de la République Ali BONGO ONDIMBA a fait une promesse au peuple gabonais : celle d’être le président de tous les Gabonais. Cette posture l’oblige à être à l’écoute de chacun et à considérer toutes les initiatives qui lui seraient présentées, pourvu qu’elles participent de la promotion d’un climat politique et social plus apaisé.

 A moins de deux ans de la présidentielle, ceux qui pensent que l’arène politique gabonaise se contentera du statu quo se trompent, autant que ceux qui seraient tentés de dresser une muraille de Chine autour du Chef de l’Etat, au nom des sacrifices versés dans l’escarcelle de sa réélection en 2016. La stigmatisation de ceux qui à l’époque des choix décisifs ont décidé de danser sur une musique politique différente que la nôtre, ne constitue en rien un avantage comparatif pour le Président de tous les Gabonais. Les grands Apôtres de la loyauté et de la fidélité, qui le chantent dès le lever du soleil, n’ont pas encore compris que le coq chante déjà chaque matin.

 La Bible nous enseigne grandement dans sa sagesse à toujours privilégier l’amour du prochain. Pour s’en convaincre, il nous suffit de lire l’histoire du « fils prodige ». Un riche père avait deux (2) enfants et un jour l’un d’eux, devenu grand réclama à son père sa part d’héritage. Après quelques temps d’hésitation, le père consentit à lui donner sa part d’héritage. Alors le fils s’en alla loin de son père non sans lui causer un énorme chagrin.

 Le père triste, n’eut plus de nouvelles de son fils pendant de nombreuses années. De son côté, le fils avait fait preuve de peu de sagesse et avait dilapidé toute sa part d’héritage. Il entra dans des moments extrêmement difficiles ou il vivait faim et déshonneur. Voyant que sa misère était devenue insoutenable et malgré le fait qu’il était finalement conscient qu’il avait fait un mauvais choix, il se résolut à revenir dans la maison du père.

 Fatigué, portant des oripeaux, il marchait péniblement vers la maison familiale et ce, pendant de longs jours. A son arrivée, malgré toutes ces années d’absence, dès que le père aperçut l’ombre de son fils au loin, il fut envahi d’une joie immense. Il se mit debout devant sa porte, bras ouverts pour accueillir son fils prodige. En le serrant dans ses bras, le père demanda qu’on lui donne des vêtements neufs et un repas.

 Le Président de la République, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA est l’homme au centre du jeu politique gabonais et à ce titre, chaque acteur politique, de tout bord, est en droit de l’approcher et de mettre son génie politique au service de notre pays. Je ne crois pas que la Paix des Braves soit une mauvaise chose comme je ne crois pas qu’un Rassemblement de fils spirituels d’Omar BONGO soit l’idée la moins brillante, ou la plus dangereuse qui soit. Le Chef de l’Etat, en toute souveraineté, jugera de la sincérité et de l’opportunité de ces initiatives.

 En attendant, comme ce riche père qui a ouvert ses bras à son fils de retour après avoir dilapidé son héritage, le Président de la République écoutera et appréciera en fonction des éléments en sa possession et Dieu seul sait qu’il en a. Notre rôle est d’être les facilitateurs et non les détracteurs de toutes ces initiatives. Le Chef de l’Etat attend de nous que nous apprécions chaque initiative à la lumière de notre avenir commun et non à l’ombre de notre passé tourmenté.

Ne préjugeons pas de la mauvaise foi des initiateurs de ces projets politiques et ne nous livrons à aucune guerre de positionnement ou de posture au nom de nos intérêts égoïstes.

 Il vaut mieux manager une initiative politique qu’on nous propose au lieu de jouer sur le clavier de l’arrogance et faire avec une réalité politique qui s’impose à nous. Aucun enfant resté aux côtés du père, ne perdrait ni sa place ni l’estime de ce dernier, du fait du retour dans la maison familiale d’un de ses frères. Ne donnons pas raison à ce cycle de la vérité qui veut qu’elle soit d’abord moquée, ensuite combattue et finalement présentée comme avoir toujours été évidente.

 Jo DIOUMY MOUBASSANGO, Contributions au débat politique actuel. Mars 2021

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