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Pourquoi les chrétiens ont voté majoritairement Trump

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À son triomphe attendu chez les évangéliques blancs s’ajoute le succès plus surprenant de Donald Trump chez les électeurs catholiques.

Aucune catégorie de population n’a soutenu Donald Trump aussi massivement que les évangéliques blancs. 81 % de ce groupe, qui représente à lui seul le quart de l’électorat américain, ont plébiscité le candidat victorieux. « L’engouement des évangéliques pour Trump s’était concrétisé dès les primaires », rappelle Mokhtar Ben Barka, professeur de civilisation américaine à l’université de Valenciennes. Traditionnellement acquis à la cause des candidats républicains, les évangéliques blancs n’ont pas dérogé à la règle, même si certains observateurs avaient envisagé que la brutalité de la campagne de Donald Trump puisse heurter les mentalités chrétiennes.

Plus serrée, mais plus surprenante, la victoire de Donald Trump chez les électeurs catholiques (52 % des voix, contre 45 % pour Hillary Clinton) a déjoué tous les pronostics. Jusqu’à la fin de la campagne, les sondages donnaient en effet un large avantage à la candidate démocrate. Les catholiques représentent 20 % des électeurs, autant que les électeurs sans religion.

Évangéliques, protestants ou catholiques, tous semblent en tout cas avoir fait peu de cas de la faible religiosité personnelle de leur champion. « Certes, il est vaguement presbytérien, mais il n’a aucune connaissance du christianisme et s’est trompé plusieurs fois en citant la Bible », résume Mokthar Ben Barka. Dans un vote bien souvent contestataire ou émanant d’une population en difficulté économique, ce critère apparaît secondaire. « La défiance à l’égard de l’establishment n’est pas spécialement une question de foi », observe Danielle Bean, rédactrice en chef du magazine américain Catholic Digest.

Quant aux questions qui préoccupent habituellement les chrétiens outre-Atlantique, Donald Trump n’avait guère de concurrence. Face à une candidate connue pour son progressisme en matière bioéthique et sociétale, il s’est déclaré ouvertement « pro-life », promettant de nommer un juge conservateur à la Cour suprême. Et ceux qui restaient sceptiques, notamment du fait des positions beaucoup plus libérales qu’il a longtemps tenues par le passé, ont été rassurés par son entourage. À commencer par Mike Pence, son colistier, qui se définit comme un « catholique évangélique ». « Donald Trump, même s’il n’est pas très chrétien lui-même, a su s’en entourer », reconnaît Danielle Bean.

Aux chrétiens conservateurs excédés par le mariage homosexuel, la réforme de santé dite « Obamacare », et le sentiment que leur liberté d’expression était bafouée, il a encore su répondre en promettant de défendre la liberté religieuse. « Beaucoup de chrétiens et de catholiques se sont sentis méprisés, voire persécutés sous Obama », souligne Danielle Bean. Et pendant que Trump donnait des gages, Clinton, elle, s’aliénait nombre de voix catholiques lorsque WikiLeaks révélait, parmi les e-mails de son directeur de campagne, des propos sur la nécessité d’un « printemps catholique » à l’intérieur de l’Église, pour y faire avancer les idées progressistes. Une affaire qui illustre bien ce commentaire d’une éditorialiste américaine, au lendemain du vote : « L’une des choses que les libéraux n’ont jamais comprises est à quel point ces huit dernières années ont donné aux chrétiens un sentiment de menace existentielle. »

 

Source : La Croix

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