L’absolue confiance en soi affichée par le candidat républicain à la Maison Blanche puise sa source dans la théologie positive du révérend Norman Vincent Peale. Avec Le Monde des Religions.fr.
Souvent critiqué, plus ou moins ouvertement, par des leaders religieux, au premier rang desquels le pape François, Donald Trump apparaît ambigu sur son rapport au religieux. Pourtant, sa religiosité ne saurait se résumer pas à un opportunisme grossier : sa substance est plus complexe. Le magnat de l’immobilier s’est autrefois intéressé au fait religieux, sans se douter de l’usage qu’il en ferait aujourd’hui. L’identification aux valeurs chrétiennes constitue aujourd’hui un pilier de sa campagne et il s’est récemment proclamé protecteur du christianisme, lors d’un discours à la Liberty University, institution entièrement évangélique. Ce qui ne manque pas de piquant chez cet homme connu pour son hédonisme, plusieurs fois marié à des femmes d’Europe de l’Est très « glamour », et très tolérant sur les questions de life-style, de mœurs. L’avortement n’était pas un problème pour lui, si bien que, dernièrement, il a péniblement tenté de se faire passer pour un opposant de toujours – un must absolu pour tout républicain.
Donald Trump se définit comme presbytérien, donc protestant classique. Enfant, il a longtemps assisté à l’office du dimanche dans le Queens (quartier réputé conservateur de New York), accompagné de ses parents. Puis, grandissant, il semble délaisser la pratique jusqu’à ce que, récemment, le candidat tente d’inverser cette impression en se présentant à des offices presbytériens dans quelques États où il faisait campagne. Chacun a pu constater qu’il connaissait des hymnes, ce qui donne à beaucoup d’électeurs évangéliques l’assurance de sa bienveillance sur la question de la foi, leur permettant ainsi d’apprécier son message économique et ses solutions géostratégiques « miracles ».
Car la pensée du candidat est étonnamment liée à son expérience religieuse. L’influence d’un pasteur sur le jeune Trump est à retenir. Donald est né d’un père descendant d’immigrés allemands peu religieux, et d’une mère écossaise immigrée, protestante calviniste. Le jeune ménage fréquente une église presbytérienne – c’est-à-dire calviniste écossaise, avec la particularité d’être très libérale –, avant de changer pour une autre église, à Manhattan : la Marble Collegiate Church, fondée aux États-Unis en 1628 et réformée dans la tradition néerlandaise.
La théologie positive
Trump se souvient avec émotion des sermons du pasteur de la Marble Collegiate dans les années 50, Norman Vincent Peale, auteur du best-seller The Power of Positive Thinking (Le Pouvoir de la pensée positive, 1952) et ami de la famille. N’étant pas purement progressiste, et étrangement anticatholique, Peale apparaît à la radio et à la télévision, ce qui lui vaut une certaine notoriété dans la sphère religieuse de New York des années 50 à 80.
Ses sermons attirent les foules autour d’un concept original : la « positive theology ». La théologie positive enseigne que : Dieu est facile à connaître, la Bible se résume facilement, le Christ donne le pouvoir de réussir. « Je suis un succès », faut-il se rappeler sans cesse. Cette absolue confiance en soi, si typique de Trump, puise donc sa source chez le révérend Peale.
Aujourd’hui, l’enseignement de Peale est quasiment oublié au Marble Collegiate Church, qui ne reconnaît d’ailleurs pas Donald Trump comme un membre actuel, malgré ses dires. D’ailleurs, Trump se déclare presbytérien alors que la Marble Collegiate est de confession réformée. L’Église presbytérienne institutionnelle s’est quant à elle permis de lui adresser, en octobre 2015, une lettre publique pour lui rappeler la doctrine à propos des réfugiés et des immigrés. Courrier resté sans réponse. Le candidat à la présidence des États-Unis poursuit ses outrages en prônant l’exclusion de tout musulman à l’entrée sur le sol américain (exception faite du nouveau maire de Londres, Sadiq Khan), et l’Église presbytérienne a annoncé que l’expulsion de Trump était à l’étude.
Le pape François s’en mêle
Évidemment, Donal Trump n’étant pas catholique, l’avis du pape sur la question du mur avec le Mexique ne l’interpelle pas outre mesure. Toutefois, François le vise presque directement lorsqu’il dénonce la construction de murs comme attitude à l’opposé du christianisme. Les catholiques américains étant eux-mêmes divisés en trois groupes – conservateurs, progressistes, et « ethniques » pour désigner les Hispaniques –, ce reproche pontifical ne fera pas fuir les premiers, tandis que les Hispaniques voteront démocrate et massivement contre Trump, avec ou sans l’encouragement du souverain pontife.
Enfin, curieusement, Trump claironne qu’il a deux gendres juifs, que sa propre fille s’est convertie, et qu’il se considère proche du judaïsme. Sa connaissance de la religion juive n’a toutefois pas été remarquée. Ce qui apparaît comme une constante, chez lui, est l’ancrage dans un New York à l’ancienne, avec sa dureté et sa gouaille, ainsi que des références philosophiques et spirituelles simplistes. La religiosité protestante ne fait que le servir, de même que lui ont servi les enseignements parathéologiques du révérend Peale.