Le président malien Ibrahim Boubacar Keita a été renversé par une mutinerie après la prise du contrôle du camp de Kati, près de Bamako. Il a annoncé sa démission dans la nuit de mardi à mercredi dans un discours à la télévision nationale.
Après avoir été contesté depuis plusieurs mois dans la rue, le règne d’Ibrahim Boubacar Keita au Mali est terminé! Après un coup d’Etat mené par des militaires maliens, qui ont d’abord pris mardi le contrôle du camp de Kati, près de Bamako, le dirigeant malien, arrêté par les mutins avec son Premier ministre Boubou Cissé, n’a pas eu d’autres choix que de démissionner. Une démission qu’il a confirmé dans la nuit de mardi à mercredi à la télévision publique, l’ORTM, annonçant par la même occasion la dissolution du Parlement et du gouvernement. «Je voudrais à ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement au long de ces longues années et la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment. Et avec toutes les conséquences de droit: la dissolution de l’assemblée nationale et celle du gouvernement», a déclaré le désormais ex-président malien.
Un coup d’Etat condamné à l’international
De son côté, l’Union africaine a condamné fermement le coup d’Etat, appelant dans la soirée à la «libération immédiate» du président Keïta. De même, Paris a condamné «avec la plus grande fermeté la mutinerie qui s’est engagée aujourd’hui à Kati ». Même son de cloche pour l’Union européenne, qui a condamné une «tentative de coup d’État».
Le porte parole des militaires qui ont pris le pouvoir, le colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air, a assuré à la télévision nationale que les mutins souhaitent mettre en place une «transition politique civile» afin d’organiser des élections générales. « Nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire », a déclaré le colonel-major Ismaël Wagué, soulignant que tous les accords internationaux du Mali seront respectés.
Les organisations internationales et sous-régionales appelés à accompagner le Mali
L’officier a également appelé les organisations internationales et sous-régionales à les «accompagner pour le bien-être du Mali», invitant aussi la société civile et les mouvements socio-politiques à les rejoindre pour « ensemble, créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau ». Le colonel-major Ismaël Wagué a même été plus loin, affirmant que « la mission de l’ONU (Minusma), la force française Barkhane, le G5 Sahel , la force Takuba (un groupement de forces spéciales européennes censées accompagner les Maliens au combat) demeurent nos partenaires ».
Désormais, le président malien, tant contesté pour son inaptitude à diriger le Mali, à travers des manifestations massives depuis le mois de juin à Bamako, a été renversé. Toutefois de nombreuses questions restent en suspens. Quel avenir pour le Mali ? Qui dirigera la transition politique annoncée par les mutins? Qu’adviendra le pays sur le plan sécuritaire, où la situation se dégrade de jour en jour ? Les groupes armés qui minent toujours le Mali profiteront-ils de cette situation d’instabilité politique actuelle? Tant d’interrogations auxquelles les futurs leaders maliens devront apporter des réponses concrètes et adaptées pour redresser leur pays à bout de souffle…
Avec notre partenaire AP 21