« Tous gabonais, tous différents », était le thème d’un débat citoyen organisé le 24 août 2016 à Libreville par les hommes de lettres et de sciences, membres du Mouvement des Patriotes Gabonais (MPG).
De nombreux citoyens issus de familles mixtes, dont un parent ou les deux ne sont pas considérés comme étant des « Gabonais de souche » ont pris part au débat animé par des spécialistes.
Tournant autour du problème de la xénophobie et du sentiment de rejet que connaissent « une certaine catégorie de Gabonais » au cours de cette période électorale, le débat entretenu par les professeurs d’universités et maîtres de conférences Nzue Nguema, Frédérique Mambenga -Ylagou et Patrick Mouguiama -Daouda a eu le mérite de mettre la lumière sur la hiérarchisation actuelle du titre de Gabonais. « Les expressions Gabon d’abord, Gabonais de souche, autochtones, Gabonais d’origine doivent disparaître car elles sont source de division au sein de la grande famille Gabon », a dit le professeur Frédéric Mambenga-Ylagou. Il ajoute : « Nous sommes tous Gabonais reliés par une communauté de destin qui nous oblige à nous ouvrir aux autres et non à nous approprier de manière commune ou individuelle le titre de Gabonais. »
Le rôle de l’Etat qui « a le devoir de protéger ses populations est ici remis en cause car il y a un échec de la république à assurer la sécurité des personnes venues d’ailleurs et installées au Gabon », a déploré Nzue Nguema. Pour les conférenciers, il n’y a pas de nation sans cultures, ni de citoyenneté sans équité et d’intégration sans respect de l’autre. De même, il n’y a pas d’intégration viable sans véritable démocratie. « Le pays connaît des formes différentes d’exclusion qui créent un grand malaise auprès des populations cibles. Ces dernières ne peuvent pas exprimer leurs cultures,(langues, traditions, mode de vie) car, elles ne cadrent pas avec ce qui est considéré comme cultures gabonaises. L’idéal républicain transcende les questions de nationalité et d’origines », a déclaré pour sa part Frédéric Manbenga.
Plongeant dans l’histoire du peuplement du Gabon, des origines à nos jours, le professeur Patrick Mouguiama – Daouda a souligné : « La dynamique et les mouvements migratoires responsables du peuplement actuel du Gabon se poursuivent. Pourquoi alors stigmatiser et rejeter les autres alors que nous avons tous effectué le même flux migratoire à un moment de l’histoire, pour diverses raisons ? »
Selon les orateurs, les pygmées constituent le seul peuple à pouvoir réclamer le titre de Gabonais d’origine « même comme nul n’est sorti de terre » comme un champignon. « Tous les autres peuples gabonais ont trouvé ici ce qu’ils appellent aujourd’hui leurs terres », ont conclu les conférenciers.
