Le Courrier des Journalistes-Le Burkina Faso, pays sahélien à revenu modeste et à l’économie fortement dépendante de l’agriculture et de l’extraction minière, vient de marquer un tournant social et politique majeur : désormais, chaque étudiant universitaire recevra un salaire mensuel de 100 000 FCFA, et ce, jusqu’à leur insertion professionnelle. Une mesure aussi audacieuse qu’ambitieuse, prise par un État de 23 millions d’habitants — soit plus de 11 fois la population du Gabon — dont les ressources naturelles restent pourtant limitées en comparaison.
Une leçon de volonté politique
Ce geste du gouvernement burkinabé dépasse le simple cadre économique. Il incarne un acte politique fort, révélateur d’une volonté de rupture avec les inégalités sociales, et d’un choix assumé : investir dans le capital humain comme priorité nationale. L’allocation mensuelle, destinée à sécuriser le parcours académique de milliers de jeunes, est un levier direct contre la pauvreté, l’abandon scolaire et le chômage des jeunes diplômés.
À titre comparatif, le Gabon, pays richement doté en ressources naturelles (pétrole, or, bois précieux, manganèse, fer, diamant, pêche…), peine encore à garantir des conditions minimales de vie à ses 2 millions d’habitants. Près de 40 % de sa jeunesse est au chômage, souvent livrée à elle-même dans un pays dont la manne pétrolière aurait pu transformer chaque citoyen en moteur de croissance. Le contraste est brutal, et la question inévitable : où est passée la richesse nationale ?
Un miroir pour les consciences et les choix futurs
Ce que démontre le Burkina Faso, c’est que la transformation sociale ne dépend pas uniquement des ressources naturelles, mais avant tout d’un leadership visionnaire, courageux et centré sur l’humain. Le véritable enjeu, pour le Gabon, n’est plus économique mais moral et politique. Nos dirigeants de demain auront-ils le courage de rompre avec la culture de rente et de favoritisme ? Seront-ils les dignes continuateurs d’un système injuste ou les architectes d’un nouveau contrat social ?
Car au fond, cette question dépasse les frontières : tout n’est que volonté politique. Et aujourd’hui, c’est un pays du Sahel, longtemps perçu comme fragile, qui donne au reste du continent une leçon de dignité et de priorité nationale. À méditer…
En écho à cette politique audacieuse en faveur des étudiants, les récentes tentatives de déstabilisation orchestrées depuis l’extérieur — qualifiées de « grand complot en préparation » par les autorités militaires burkinabè — révèlent une autre vérité fondamentale : lorsque la volonté politique se concrétise en actes tangibles, elle suscite non seulement l’adhésion, mais aussi une mobilisation populaire massive. La réponse spectaculaire du peuple burkinabè, rassemblé par millions pour soutenir leur leader Ibrahim Traoré après l’annonce du complot déjoué, témoigne d’un lien puissant entre le dirigeant et sa population. IB, comme le surnomme affectueusement son peuple, semble incarner sans nuance aucune une vision panafricaniste qui renvoie aux mêmes idéaux que ceux du grand Thomas Sankara. Ainsi, dans un contexte de menaces extérieures et de tensions régionales, c’est encore une fois la force du projet national, centré sur la dignité, l’éducation et la souveraineté, qui s’impose comme rempart face au chaos.