La Norvège va verser 17 millions de dollars pour récompenser le Gabon pour le carbone séquestré et d’autres initiatives de lutte contre la déforestation. Nicaise Moulombi, Président exécutif des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale, 2e Vice-président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) du Gabon réagit suite à cette dotation.
Qu’est-ce que cette reconnaissance représente pour le Gabon ?
Nicaise Moulombi : C’est une première pour un pays africain et en tant qu’acteur de la conservation, c’est une fierté pour moi et pour le Gabon. Ceci vient non seulement reconnaître la vision du président OMAR BONGO ONDIMBA, à qui je rends hommage pour avoir consacré près d’un million d’hectares de nos forêts à la communauté internationale, afin de faire face aux changements climatiques. Mais aussi l’engagement du Gabon pour lutter contre la déforestation. Cette reconnaissance vient également réconforter la forte diplomatie environnementale du Gabon impulsée par les plus hautes autorités, en tête desquelles le Président Ali Bongo Ondimba qui fait du climat une préoccupation centrale dans sa gouvernance.Oui nous pouvons le dire haut et fort.
Comment va se faire le décaissement de cette subvention ?
Il faut tout d’abord souligner que ce financement est une récompense obtenue par le Gabon sur la base de nos performances en matière de réduction de la déforestation autour de la période de 2016 à 2017 par rapport aux niveaux annuels de 2006 à 2015. Maintenant que les gouvernants nous expliquent clairement, mais aussi au deux chambres du parlement comment cette argent va être distribuée, à partir de quand et qui seront les bénéficiaires. Ce qu’on sait jusqu’ici c’est que ces fonds serviront à financer la recherche scientifique, la promotion et la mise en œuvre de pratiques de gestion durable des forêts. Et seront également utilisés pour préserver les zones protégées et renforcer les capacités au niveau du gouvernement. Malheureusement une fois de plus la société civile risque d’être écartée.
Derrière cette dotation de 17 millions de dollars, il n’y aurait-il pas désormais une mainmise de la Norvège sur la gestion des forêts gabonaises ?
C’est l’une des craintes légitimes qui sont les nôtres. Nous savons qu’il y a cette volonté manifeste des autorités gabonaises de développer un marché carbone au Gabon avec l’appui de la Norvège via l’initiative CAFI. Nous ne sommes pas contre sur le principe, mais nous souhaitons que les bénéfices tirées soient profitables également pour les populations tributaires des forêts. Pour la société civile gabonaise engagée dans la conservation, il ne faut surtout pas que ce marché carbone, au-delà même de la commercialisation, ne soit un système qui viendra favoriser l’accaparement de terres et conduire les communautés locales à la précarité et à l’extrême pauvreté.