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Nicaise Moulombi écrit à Rita Laranjhina, directrice générale du service d’action extérieure de la commission européenne

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Dans le cadre du partenariat Afrique-Europe financé par l’instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (IVCDCI), il est recommandé que :

  • la lutte contre la criminalité faunique et l’exploitation illicite des ressources minières soit amplifiée en s’appuyant sur les dispositifs institutionnels existants ;
  • l’établissement de cadres de concertation régulière avec les populations locales en matière notamment de gestion du conflit homme/faune soit systématisée, avec une primauté accordée au point de vue de populations rurales qui ont vécu jusqu’ici en harmonie avec la nature et, d’une certaine façon, ont contribué à pérenniser le patrimoine naturel ;
  • la logique de compensation des pertes de revenus tirés des ressources fauniques pour les communautés rurales soit systématiquement intégrée dans les projets/programmes de développement ;
  • un modèle de développement local, intégré, circulaire et durable, s’appuyant sur le potentiel économique des aires protégées terrestres et marines et de leurs zones périphériques soit promu.
  1. Acteurs du partenariat post-Cotonou

 L’Accord de Cotonou aura permis au partenariat ACP/UE d’affirmer une véritable originalité en tant que modèle de partenariat à la fois généreux, bienveillant, respectueux des uns et des autres, et exigeant. Il a consacré des acteurs d’un partenariat gagnant-gagnant qui gagneraient à être préservés et renforcés dans leurs rôles. C’est pourquoi, il est suggéré que le partenariat post-Cotonou :

  • conforte les Cellules d’Appui aux Ordonnateurs dans un nouveau rôle au regard des enjeux du partenariat à venir. Par leurs expériences et connaissances capitalisées, les Cellules doivent être les référents du partenariat;
  • fasse véritablement jouer le rôle de prestataires de services et de partenaires au développement aux organisations pertinentes des sociétés civiles locales. Trop souvent aujourd’hui encore, les OSC locales restent des faire-valoir agissant en sous-traitance pour les ONGs internationales. La société civile de la région Afrique Centrale plaide désormais pour un leadership pleinement assumé, avec une assistance d’ONGs européennes pertinentes et non l’inverse;
  1. Orientations d’ordre général

Au plan régional et ACP

Le bassin du Congo où vivent environ 100 millions d’habitants est le deuxième plus grand bassin fluvial du monde, après celui de l’Amazonie. Comme le bassin amazonien, il abrite une des forêts tropicales denses les plus riches du monde en biodiversité, et comme ce bassin. En 2013, le bassin du Congo présentait un couvert forestier de plus de 286 millions d’hectares et l’Afrique Centrale abritait peu ou prou 10 % de la biodiversité mondiale. L’Afrique Centrale revêt donc une place essentielle dans les enjeux mondiaux de lutte contre le changement climatique, de biodiversité et de protection de l’environnement.

Au regard de ce qui précède, l’UE gagnerait à :

  • faire preuve d’une plus grande ambition dans ses investissements dans la sous-région sur les thématiques de l’économie verte et bleue auxquelles s’intéressent de plus en plus d’autres grands acteurs mondiaux (ex la Chine) désormais convaincus des périls engendrés par le changement climatique ;
  • éviter le piège de l’aide liée, alignée sur les enjeux de politique étrangère. Cette approche de l’aide, qui n’a pas été d’application dans le cadre du FED, ne permettra pas à l’UE de rayonner davantage auprès des pays ACP comme acteur majeur de la politique et de la diplomatie mondiale. Au contraire, la logique de l’aide liée nuirait à long terme au prestige et au rayonnement de l’UE, comme cela s’observe aujourd’hui avec la France qui a assis son aide au développement sur des considérations de politique étrangère et dont l’aide est particulièrement liée.

Au plan national (GABON)

Depuis le 10ème FED, l’UE fait montre d’un manque d’ambitions au Gabon. Les subventions non remboursables allouées par l’UE au Gabon au titre de l’aide bilatérale n’ont cessé de diminuer depuis lors au motif qu’il s’agit d’un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.

Pourtant, l’UE gagnerait à mobiliser davantage de ressources directes au profit du Gabon dans des domaines prioritaires tels que l’économie verte (Environnement et changement climatique, préservation de la biodiversité et écotourisme, agriculture, foresterie, pêche, développement des filières cacao et café durables, adduction d’eau et assainissement), le développement des infrastructures énergétiques, numériques et de transport en appui au Gabon vert, les mécanismes de soutien aux PME, l’enseignement technique et formation professionnelle.

Le rôle du Gabon, pays de migrations et terre d’accueil, dans la stabilité du continent justifie que l’on y investisse puissamment pour garantir la stabilité sociale du pays et ceux de la CEEAC.

Fait à Libreville, le 14 Juillet 2021

Nicaise MOULOMBI

 

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