Addis Abeba, Éthiopie, le 5 décembre 2017 – Pour que se produise une transformation structurelle de l’Afrique, celle-ci doit chercher des solutions en elle-même et tirer les leçons de sa propre expérience. Telles ont été les premières déclarations des participants à la 12e Conférence économique africaine (CEA), lundi, à Addis Abeba, en Éthiopie.
Car c’est là la clé pour libérer le plein potentiel de l’Afrique et la conduire sur la voie de la prospérité, d’après les intervenants de prestige de la Banque africaine de développement (BAD), de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Les trois organisations se sont dites disposées à soutenir le continent pour poursuivre son programme visant à instaurer des États démocratiques plus forts et une transformation structurelle rapide qui ait des retombées positives sur le développement humain.
Dans son allocution d’ouverture, Hailemariam Desalegn, le Premier ministre de la République fédérale de l’Éthiopie, a prôné l’émergence d’États démocratiques forts, qui fassent preuve d’une tolérance zéro face à la corruption et de systèmes qui favorisent le partage des richesses.
« Des conférences comme celle-ci sont importantes pour tirer les leçons des expériences et s’adapter aux conditions socioéconomiques spécifiques à chacun des pays. Il n’y pas un modèle de politique particulier qui fonctionnerait partout », a-t-il souligné.
La secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, a appelé les dirigeants, les économistes et les décideurs à « porter leur regard au-delà des indicateurs standards de bonne gouvernance ».
« Il y a un consensus croissant autour du fait que les pays africains ont besoin d’un cadre de gouvernance plus propice pour être en mesure de conduire de meilleures politiques publiques et d’obtenir, à terme, de meilleurs résultats, notamment en matière de transformation structurelle et de développement inclusif », a-t-elle déclaré.
Célestin Monga, vice-président de la Banque africaine de développement chargé de la gouvernance économique et de la gestion des connaissances, a appelé à mettre davantage l’accent sur la réponse à apporter aux pertes économiques dues à l’inefficacité des institutions et à l’incompétence.
Et l’économiste en chef de la Banque africaine de développement d’insister sur la façon dont la corruption met en danger la croissance économique, avant de souligner les coûts cachés induits par le déficit d’institutions fortes, tout en faisant ressortir combien il est difficile d’y remédier quand les gens ont faim.
« Une grande partie du travail sur la gouvernance n’a pas été très utile à l’Afrique, parce qu’elle est souvent perçue comme une condition préalable », a-t-il poursuivi. « Nous ne pouvons pas attendre d’un pays dont le PIB s’élève à 300 dollars américains par habitant qu’il ait le même système de gouvernance qu’un pays au PIB de 78 000 dollars par habitant. Vous ne pouvez pas comparer le Burundi à la Suisse ».
C’est la raison pour laquelle la BAD est en train de repenser la gouvernance en Afrique, a indiqué monsieur Monga, en ajoutant que la bonne gouvernance est aussi une question d’apprentissage.
Les experts en sont convenus : si elle a enregistré des progrès, en général, dans le domaine de la gouvernance, et en particulier en matière de développement humain et de participation politique, l’Afrique affiche une performance encore à la traine des autres régions du monde, ce qui entrave une réorientation efficace de ses activités économiques.
« Le maintien d’une croissance de 5 % devrait être vu comme un développement positif. Il y a eu des revers, mais l’Afrique parvient peu à peu à une bonne gouvernance », a déclaré Lamin M. Manneh, directeur du Centre de services régional du PNUD pour l’Afrique, qui s’exprimait au nom d’Abdoulaye Mar Dièye, secrétaire général adjoint des Nations unies et directeur du Bureau régional du PNUD pour l’Afrique.
Organisée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) sur le thème « Mettre la gouvernance au service de la transformation structurelle », la conférence est axée, cette année, sur la concrétisation de la transformation structurelle en Afrique, en mettant l’accent sur le développement de la gouvernance. Quelques 500 chercheurs, décideurs et acteurs du développement ont assisté à la première journée de la conférence.
La conférence est aussi l’occasion, pour les participants, d’évaluer l’impact des stratégies de gouvernance politique et économique appliquées aujourd’hui sur la transformation économique, la pauvreté, les inégalités et le développement humain en Afrique.
Dans son discours liminaire, Richard Joseph, professeur de l’Université Northwestern a souligné pourquoi les décisions politiques audacieuses doivent venir de l’Afrique elle-même : « En Afrique, le temps est venu d’instaurer une certaine autonomie dans l’approche des questions politiques », a-t-il dit.
Lors de la CEA, sont présentés en détails les travaux de recherches axés sur les politiques, émanant d’universitaires et de chercheurs de renom ou en devenir, d’Afrique et d’ailleurs, qui débattent et recommandent des choix de politiques portant sur la façon dont la gouvernance en Afrique peut mieux soutenir la transformation structurelle du continent.