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Crise financière : à court de dollars, le Zimbabwe lance sa propre monnaie

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Étranglé par le manque de devises étrangères, le Zimbabwe s’apprête à relancer sa devise nationale, le dollar zimbabwéen. Cela suffira-t-il ?

Les billets bleus vont-ils bientôt remplacer les dollars verts ? C’est, en tout cas, la volonté du gouvernement du Zimbabwe, portée par Mthuli Ncube. « Sur nos efforts pour rassembler suffisamment de devises étrangères pour lancer notre propre devise, je dirais que nous avons déjà bien avancé, a déclaré, vendredi soir, le ministre des Finances, cité par le quotidien The Herald. Vous pouvez compter en mois, pas en années », a-t-il précisé. L’objectif : pallier le manque de dollars américains qui étrangle depuis des années l’économie zimbabwéenne.

Interrogé par le journal NewsDay  paru vendredi, le président de la Confédération des industries du Zimbabwe (CZI), Sifelani Jabangwe, est clair : « Nous sommes donc dans une situation où le pays est au point mort. Il nous reste moins de 10 jours pour prendre des décisions », a-t-il déclaré, ajoutant que la plupart des entreprises seraient contraintes de fermer si elles ne venaient pas à obtenir des devises de la part de la Reserve Bank of Zimbabwe. Il y avait donc urgence.

Un redressement difficile

En 2009, le Zimbabwe a abandonné sa devise nationale en chute libre, victime de l’hyperinflation. Incapable d’enrayer la valse des étiquettes par les dévaluations, le régime de Robert Mugabe lui a substitué le dollar américain et un panier d’autres monnaies, dont le rand sud-africain. Mais les précieux billets verts se sont faits de plus en plus rares, au point de causer l’arrêt de l’économie tout entière. En 2016, le gouvernement a tenté de remédier à la fuite des dollars en introduisant des « bonds notes », des sortes d’obligations, en principe d’une même valeur que les billets verts. Mais, faute de confiance des opérateurs économiques, leur valeur réelle a vite baissé et l’opération a échoué.

En novembre 2017, Robert Mugabe, sous pression, quitte le pouvoir, et laisse une économie exsangue. La mission de son successeur Emmerson Mnangagwa  redresser un pays où le chômage s’élève à 90 %. La tâche s’est jusqu’à présent révélée très difficile. La situation s’est même détériorée un peu plus depuis l’introduction récente d’une taxe sur les transactions bancaires électroniques, destinée à augmenter les recettes de l’État, qui a encore accéléré la fuite des dollars. L’inflation et les pénuries, notamment de carburant et de médicaments, ont repris ces dernières semaines dans la capitale du pays, Harare, provoquant des grèves dans les hôpitaux et les écoles publiques notamment. Un plan d’austérité, inclus dans le budget 2019 de l’État, attise aussi la colère des fonctionnaires.

Avec le Point Afrique

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