Les Organisations de la Société Civile réunies à Bujumbura, République du Burundi du 7 au 9 mai 2024, dans le cadre de l’atelier sur le Positionnement de la Société Civile du Bassin du Congo pour une contribution efficace et efficiente dans l’atteinte des objectifs de gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale, ont adopté la Déclaration de Bujumbura dont la teneur suit :
Les Organisations de la Société Civile engagées dans la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale :
1. Remercient les Chefs d’État d’Afrique Centrale pour avoir confirmé la place des OSC dans le Traité révisé de la CEEAC en son article 105 et d’avoir donné la possibilité aux OSC, Réseaux et Plateformes d’OSC de devenir des Agences d’exécution et Partenaires de mise en œuvre des programmes communautaires à travers la Décision N010/CEEAG/CCEG/XIX du 30 juillet 2021 relatives à la mise en place et fonctionnement des Agences d’Exécution de la CEEAC ; et félicitent le Conseil des
Ministres et le Secrétariat Exécutif de la COMIFAC pour la Directive sous régionale N°3 sur la participation des populations
locales et autochtones et des ONG à la gestion durable des forêts d’Afrique Centrale et pour l’inclusion des OSC comme acteurs
de mise en œuvre du Plan de Convergence de la COMIFAC.
2. Se félicitent de la collaboration agissante avec les Gouvernements, la CEEAC, la COMIFAC, les Institutions et Organisations nationales, sous régionales et internationales, le PFBC, les Partenaires techniques et financiers, le Secteur privé, les Peuples autochtones et les Communautés locales dans les processus de mise en œuvre des objectifs de gestion durable des
écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale ; et relèvent qu’en regardant la dynamique d’ensemble des acteurs et parties prenantes au niveau de la CEEAC, de la COMIFAC et des autres Institutions nationales, régionales et internationales, il ressort que le pilier des Organisations de la Société civile est le parent pauvre et mal organisé, malgré les dispositifs normatifs et
institutionnels en faveur de leur participation.
3. Notent qu’il est de leur intérêt et de leur engagement pour l’accomplissement de leurs missions, de s’auto-organiser pour
occuper tous leurs espaces, de jouer leurs rôles d’acteurs à part entière et de faire valoir leurs contributions au niveau des
politiques, des stratégies et des mécanismes de prise de décisions ; de même que pour leur participation effective dans les
processus et programmes forestiers et environnementaux d’Afrique Centrale.
4. Informent les Gouvernements, les Institutions nationales, régionales et internationales et toutes les autres Parties prenantes
qu’il ressort du diagnostic fait par les OSC, des confusions des rôles et responsabilités de la CEEAC, de la COMIFAC, de la CEFDHAC, du PFBC et des OSC ayant pour conséquences :
a. La perte de voix, la banalisation du rôle et la perte d’influence des OSC ;
b. L’insuffisance des possibilités de financements nationaux et sous régionaux au profit des OSC ;
c. L’insuffisance dans l’inclusion effective des OSC en prenant en compte leurs rôles et responsabilités par les
Gouvernements, les Institutions sous régionales et les Partenaires Techniques et Financiers ;
d. La fragilisation et la perte de la position de la CEFDHAC en tant que ‘’organisation sous régionale regroupant, au titre de chaque État membre, des représentants du Gouvernement, du Parlement, de l’Administration publique, du Secteur privé, du Secteur associatif, des Organisations non gouvernementales et de toutes les parties prenantes dans la gestion
des Écosystèmes de Forêts Denses et Humides d’Afrique Centrale’’ (article 2.1 des Statuts de la CEFDHAC) ;
e. La perception différente par les uns et les autres de la Conférence pour les Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides
d’Afrique Centrale (CEFDHAC) dans sa constitution et ses missions avec la Réunion des Parties du PFBC ;
f. L’insuffisance dans la prise en compte effective de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’Aide au développement par les partenaires techniques et financiers.
5. Affirment leur choix de déterminer librement leurs domaines et leurs champs d’actions au niveau régional, de se constituer en force de propositions, d’actions et de plaidoyer et de travailler en synergie avec les gouvernements, les institutions
nationales, régionales et internationales, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé ainsi que toutes les parties
prenantes dans un esprit de dialogue et de transparence pour la gestion durable des écosystèmes forestiers et le développement
socioéconomique de l’Afrique Centrale.
6. Dans un esprit de collaboration agissante, ont unanimement décidé de créer leur cadre d’unicité de coordination, de rassemblement, de mobilisation, de représentation, de synergie et d’actions concertées pour la gestion durable des forêts du Bassin du Congo sous la forme de « Coalition régionale de la Société Civile pour les Forêts et l’Environnement du Bassin
du Congo », avec pour objectifs entre autres de :
a. Promouvoir la représentation effective des OSC du Bassin du Congo du secteur Forêts, Environnement, Climat, Biodiversité et Financements spécifiques ou dédiés auprès des Gouvernements, des Institutions et des Institutions/Organisations nationales, régionales et internationales, principalement de la CEEAC, de la CEMAC, de la
COMIFAC et de la BDEAC, du PFBC et des Partenaires Techniques et Financiers ;
b. Promouvoir la mise en place d’un mécanisme transparent de reconnaissance des OSC par les pairs ; Défendre leurs intérêts, d’œuvrer à leur mobilisation et leur positionnement stratégique, de développer et mettre en
œuvre des mécanismes d’inclusion effective et de gestion des conflits ;
d. Promouvoir la mise en place des mécanismes de suivi-accompagnement, de plaidoyer et des négociations aux niveaux
national, sous régional et international sur les politiques, les stratégies et les processus forestiers et environnementaux
en Afrique Centrale ;
e. Développer et mettre en œuvre des mécanismes de financements innovants et durables, de mobilisation des financements, de renforcement des capacités et de valorisation des innovations pour la gestion durable des écosystèmes
forestiers, la résilience des peuples autochtones et des communautés locales et la transition pour une économie verte en Afrique Centrale ;
f. Développer et mettre en œuvre des approches et des partenariats Sud-Sud, Nord-Sud, des Partenariats Public-Privé et de coopération décentralisée pour la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale ;
g. Développer, négocier et mettre en œuvre le Technopole de développement de la Société Civile du Secteur Forêts et
Environnement d’Afrique Centrale ainsi que des partenariats, programmes et initiatives conjoints avec les États, la CEEAC, la COMIFAC et toutes les Parties prenantes.
7. Donnent mandat au Comité de réflexion regroupant les Leaders ayant facilité l’organisation du présent atelier à savoir le REFACOF, le REFADD, le RECEIAC, le RERAR, le REJEFAC, le REPALEAC, le REPAR, le ROSCEVAC, le SEEAC, le
FLAG, l’ACRN, PR2CAC et le CCSPM pour se réunir en tant que de besoin et prendre des initiatives et actions pour conduire le processus de mise sur pied effective des Organes de la Coalition Régionale des OSC dans un délai de 12 mois. La CEFDHAC,
en sa qualité de cadre de dialogue multi-acteurs, participe aux travaux du Comité de réflexion en tant que Conseiller stratégique.
8. Se félicitent de cet heureux aboutissement de la création de la Coalition Régionale des OSC qui vient mettre au goût du
jour : (1) leur volonté affirmée d’être, d’exister et d’agir ensemble ; (2) leurs ambitions légitimes d’influencer les politiques et
les stratégies et de mener des plaidoyers dans le secteur Forêts-Environnement ; et (3) de participer activement et efficacement
aux processus forestiers et environnementaux en Afrique Centrale.
9. Tout en appréciant les résultats de la réforme institutionnelle et organisationnelle de la CEEAC, les OSC sollicitent la Commission de la CEEAC, le Secrétariat Exécutif de la COMIFAC, le PFBC et les Partenaires Techniques et Financiers pour des actions, études et rencontres pour : (1) une meilleure appropriation de ladite réforme ; (2) l’élaboration des instruments de gouvernance de la Coalition Régionale des OSC afin de jouer pleinement leur rôle dans la réorganisation du nouveau univers institutionnel du secteur Forêts & Environnement ; (3) le développement du Technopole et des programmes communautaires
de la Société Civile ; (4) la mobilisation des financements fonctionnels de la Coalition Régionale des OSC ; (5) les échanges sur les opportunités concrètes de financement des initiatives des OSC et (6) le plaidoyer et l’animation du dialogue avec toutes les parties prenantes.
10. Encouragent la poursuite du dialogue inclusif et multi-acteurs afin de parvenir à la restauration de la CEFDHAC, au recadrage des rôles et responsabilités de toutes les Parties prenantes et à l’internalisation par les Gouvernements, la CEEAC, la COMIFAC et toutes les Parties prenantes de la nouvelle dynamique impulsée par la Société Civile du Bassin du Congo.
11. Remercient le PFBC pour l’appui financier à l’organisation de cet atelier et sollicitent sa contribution ainsi que celle des autres Partenaires Techniques et Financiers pour le financement et l’accompagnement de la nouvelle Coalition Régionale de la Société Civile pour les Forêts & Environnement du Bassin du Congo.
12. Remercient le Gouvernement du Burundi pour toutes les facilités à l’organisation de cet atelier et prions Monsieur le Ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage du Burundi et Président en exercice du Conseil des Ministres de la COMIFAC, qui a fait l’honneur aux organisations de la société civile en présidant l’ouverture des travaux de cet atelier, de transmettre la présente Déclaration de Bujumbura aux Etats, aux Institutions/Organisations nationales, sous régionales et
internationales et aux Partenaires Techniques et Financiers.
Fait à Bujumbura, le 9 mai 2024
Pour les Organisations de la Société civile du Bassin du Congo, les participant(e)s :