Libreville 30 Décembre 2025 – En ces temps de fêtes de fin d’année, de joie, d’unité et par la même occasion, de célébration de la plus grande compétition africaine de football, le naufrage des Panthères du Gabon à la CAN au Maroc nous frappe de plein fouet et nous amène à comprendre que ce n’est pas un simple accident de parcours sportif. Il est le symptôme brutal, presque cruel, d’un mal plus profond : celui d’un mouvement sportif national aujourd’hui à l’arrêt, désorienté, exsangue. Car il n’y a pas si longtemps encore, le Gabon faisait figure d’exception positive.
À la CAN Cameroun 2022, les Panthères s’étaient qualifiées sur le terrain, avaient atteint les huitièmes de finale et surtout, marqué les esprits en sortant invaincues d’une “poule de la mort” composée du Maroc, du Ghana et de l’Angola, avec cinq points et zéro défaite. Qui a oublié l’épisode devenu mythique de « Boupendza n’était pas hors-jeu » ? Cette performance n’était pas le fruit du hasard, mais celui d’un management rigoureux, d’une vision claire et d’un État stratège assumant enfin son rôle dans l’organisation du sport.
Un vieil adage africain rappelle que « quand on ne sait pas où l’on va, il faut regarder d’où l’on vient ». Entre 2019 et 2023, sous l’ère du ministre des Sports Franck Nguema, le mouvement sportif gabonais était sorti de sa longue léthargie observée entre 2015 et 2018. Une loi d’orientation sur la Politique nationale du sport et de l’éducation physique avait été adoptée par le Parlement en 2021, posant une vision et un cadre structurant et moderne du sport national, un manque depuis l’independance du Gabon qui etait enfin comblé. Puis, Franck Nguema lanca la grande réforme dite de l’Olympiade 2021–2024 qui avait contraint les fédérations sportives nationales à se conformer aux standards internationaux de gouvernance, condition sine qua non pour bénéficier de financements publics. Résultat : une reprise effective du financement des fédérations, à hauteur de 50 millions de FCFA par an pour celles respectant le cahier des charges, redonnant un souffle nouveau et une crédibilité perdue aux instances sportives nationales.
Au cœur de cette politique nationale sportive insufflée par le ministre Franck Nguema, l’athlète redevenait enfin central dans les politiques publiques du sport. Des bourses du sport issues de la réforme du système général des Bourses d’études en collaboration avec l’Agence Nationale des Bourses du Gabon (ANBG) donnaient une allocation annuelle de 50 millions de FCFA aux sportifs de haut niveau expatriés, toutes disciplines confondues en fonction de leurs classements internationaux pour prendre en charge leurs formations et stages internationaux, leurs participations aux compétitions internationales et leurs vies quotidiennes. Les participations des fédérations sportives nationales aux compétitions africaines et internationales étaient systématiquement financées : CAN de handball, tournois qualificatifs olympiques, Jeux olympiques de Tokyo, championnats d’Afrique, autres compétitions. Des fédérations majeures longtemps marginalisées, comme l’athlétisme (emblème de l’olympisme) et le taekwondo (qui nous donna la première médaille olympique au Gabon avec Anthony Obame), furent normalisées vis-à-vis de leurs instances internationales sous le ministère de Franck Nguema, permettant ainsi au Gabon de renouer avec les compétitions mondiales dans ces disciplines. Dans le même temps, le pays se dotait d’une loi pour la création de l’Organisation Nationale Antidopage (ONAD), en conformité avec l’Agence mondiale antidopage, renforçant sa crédibilité sur la scène internationale pour un sport propre et équitable.
Le football, pilier populaire du sport gabonais, n’était pas en reste. Franck Nguema organisa les Assises du Football National en 2021, une introspection inclusive avec tous les acteurs du football national, pour relancer le championnat national. C’est ainsi, que Le National Foot 1 et 2 fut relancé sur un mécanisme inédit dit de la Mutualisation des charges : le Trésor public réglait directement les fournisseurs des clubs et versait directement les salaires de près de 700 jeunes joueurs sur leurs comptes bancaires pour éviter les fuites de fonds. Malgré la pandémie de Covid-19, les championnats du National Foot 1 et 2 ont été organisés, des subventions maintenues, consacrant ainsi comme champions nationaux Bouenguidi Sport ( saison 2019/2020) puis le Stade Mandji ( saison 2022/2023). À côté de cela, le Championnat scolaire et universitaire (CSU) naissait bien au-delà de l’OGSSU qui était à l’arrêt, des titres et des médailles africains tombaient dans l’escarcelle du Gabon ici et là : en taekwondo Urgence Mouega Mouega Champion d’Afrique 2021, le Gabon brillait en Or au football en U22 dans la zone UNIFFAC, etc…et des partenariats structurants de formation des sportifs étaient signés avec l’INSEP Paris (fleuron du sport français) et Cuba pour la fabrication des champions de demain. Même la professionnalisation du sport était amorcée, avec le décret créant les sociétés à objet sportif.
Certes, tout n’était pas parfait, car la tâche était immense. Les moyens étaient limités, la crise sanitaire mondiale avait paralysé les compétitions pendant deux longues années de 2020 à 2022, mais une dynamique existait, des bases saines avaient été posées, et surtout, des résultats concrets étaient visibles. Aujourd’hui, depuis son départ du ministère des sport en 2023, le contraste est saisissant. Le Mouvement sportif semble à l’arrêt, sans cap lisible, ni ambition affirmée. Le crash des Panthères au Maroc agit ainsi comme un révélateur implacable. Ce qui a marché hier peut pourtant aller plus haut, plus loin, plus fort demain avec l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut. À condition de renouer avec une vision, celle d’un sport gabonais pensé comme un levier de cohésion nationale et de rayonnement international, porté par un véritable « essor vers la félicité ».






