ENJEUX. Après des mois de tractations, la CAF a officiellement lancé sa Super Ligue, une compétition qui vise à rendre le football africain des clubs plus attractif.
La 44e assemblée générale de la Confédération africaine de football de cette semaine, tenue à Arusha, en Tanzanie, a été l’occasion de lancer officiellement la Super Ligue africaine des clubs. Une compétition qui regroupera 24 clubs de 16 pays du continent, dont l’un des objectifs affichés est de gagner en attractivité.
Le budget total de la compétition s’élève à 200 millions de dollars, dont la moitié sera allouée aux 24 équipes participantes. Chaque équipe prenant part à la Super Ligue recevra 2,5 millions de dollars (soit un montant égal à celui que reçoivent le vainqueur de la Ligue des champions et le double de celui du finaliste) pour la participation afin de s’assurer une prise en charge effective des coûts de logistique, de transport et de logement des équipes en déplacement. Le prize money du club vainqueur s’élèvera à 11,5 millions de dollars, bien qu’il n’ait pas encore été précisé quelles seront les sommes touchées pour les différentes positions.
L’idée derrière cette compétition mettant en prise le gratin du football africain est claire : il est question de permettre aux clubs de prendre une autre dimension et de s’autosuffire sur un plan économique : « Le succès du football de club est basé sur la viabilité commerciale. La Super Ligue africaine est une initiative très importante. L’un des principaux problèmes en Afrique est le financement. Notre objectif est que le football de club africain soit de classe mondiale et rivalise avec les meilleurs du monde », a expliqué le président de la confédération, Patrice Motsepe. « Les carrières sont courtes dans le football et les footballeurs doivent maximiser leurs gains pendant qu’ils jouent. J’ai été impliqué dans des clubs pendant de nombreuses années dans le football africain, je comprends les défis », a-t-il ajouté, soucieux du besoin d’améliorer les conditions de jeu de tous les joueurs, le but est également de permettre aux clubs de générer plus de revenus afin de rendre les clubs plus attractifs.
D’après la CEO du club tanzanien de Simba SC, Barbara Jaime Gonzalez, il n’y a pas de doutes non plus : il s’agit d’une révolution qui sera bénéfique au football africain : « Le football est une affaire de business et chaque fois qu’il y a plus d’argent, c’est très positif. En tant que club, nous sommes très heureux que la Super League africaine ait été lancée et nous avons hâte qu’elle commence l’année prochaine », a-t-elle dit. « L’existence de ce nouveau tournoi ouvrira certainement plus de possibilités aux clubs de gagner de l’argent et aux joueurs d’en profiter. »
Par ailleurs, les 54 fédérations membres seront financées annuellement à hauteur d’un million d’euros pour avoir accepté le projet, tandis que 50 millions seront alloués au fonds de développement de la CAF, notamment pour le football féminin et divers projets. Sur le plan sportif, le format proposé est le suivant : 24 équipes regroupées en 3 groupes correspondant à des zones régionales (Nord, Ouest/Centre, Est/Sud) avec au moins 16 pays représentés, sachant que chaque pays pourra être représenté au mieux par trois équipes. Chaque zone sera composée de ses sept meilleures équipes (via le classement de la CAF calculé sur les cinq dernières années) et la huitième place sera attribuée à un club sur la base de sa stature, son potentiel commercial, la viabilité de son modèle économique. Au total, 197 matchs, dont 21 pour les finalistes, et une compétition qui aura lieu du mois d’août à mai.
Quid des Coupes interclubs existantes ?
À l’annonce de cette nouvelle compétition, la question du devenir de la Ligue des champions et la Coupe des confédérations est posée. D’après certaines sources, les deux devraient être conservées sous un nouveau format. Pour la Ligue des champions, on évoque un retour à l’ancien modèle à élimination directe partant des 32es de finales, propres au XXe siècle. Il comprendrait à la fois les champions domestiques et les 24 équipes prenant part à la Super ligue. Concernant la Coupe des confédérations, les compétitions reprendraient un modèle similaire à la Super Ligue, avec un tour final composé de six groupes de quatre équipes, soit deux groupes pour chaque zone, les deux premiers de chaque groupe accéderaient aux tours à élimination directe et seront sacrés champions par région. Les trois équipes couronnées auraient ainsi une chance d’intégrer la Super Ligue de la CAF via le système de promotion/relégation en faisant face au dernier de chaque groupe régional de la Super Ligue dans le cadre d’un match de barrage. Un modèle qui vise à garantir une certaine inclusivité pour les différentes régions, bien que le format des phases de groupes zonales puisse être étendu (en passant pourquoi pas de trois à cinq zones représentant les cinq fédérations régionales) avec le temps, à condition que cette phase expérimentale ait le succès attendu.
Un autre objectif dévoilé est l’augmentation de matchs qui pourrait pour une équipe prenant part à la Super Ligue et à la Ligue des champions atteindre les soixante matchs par saison en ajoutant le championnat domestique et les coupes nationales. Une amélioration du niveau de compétitivité qui permettrait de combler un écart avec les autres continents sur ce plan, habitués à jouer plus de matchs sur une saison. À condition bien sûr d’une harmonisation du calendrier des différents pays sur la reprise de la saison.
Source : Le Point Afrique