Le président français entame une tournée de 4 jours à Djibouti, en Éthiopie et au Kenya. Un virage à l’est où les entreprises françaises rêvent de bousculer les autres partenaires notamment chinois.
Après près de quatre mois consacrés aux déplacements nationaux – grand débat oblige – Emmanuel Macron reprend les voyages à l’étranger. À partir de ce soir, le président français sillonnera en effet l’Afrique de l’Est, pour une visite de quatre jours. Après une première étape à Djibouti, le chef de l’État fera escale à Lalibela et Addis-Abeba en Éthiopie puis à Nairobi au Kenya. L’occasion de raviver le lien entre la France et ces deux pays, qui ne figurent pas traditionnellement parmi les partenaires les plus proches. Mais la situation pourrait bien changer. Car depuis quelques années, l’Afrique de l’Est – et les deux lions africains que sont l’Éthiopie et le Kenya en tête – attire.
Développement des échanges avec l’Éthiopie
Preuve de ce nouvel engouement, en 2017 l’Éthiopie est devenue le premier excédent commercial de la France en Afrique subsaharienne, à 791 millions d’euros contre 386 millions un an plus tôt, en grande partie grâce à des ventes d’Airbus A350 à Ethiopian Airlines. Les exportations en dehors du secteur de l’aéronautique, elles, ont plus que doublé depuis 2014, notamment dans le domaine de la pharmacie. Côté importations, la France achète pour 40,5 millions d’euros à l’Éthiopie, essentiellement des produits agricoles.
Pour développer encore un peu plus ces échanges, Emmanuel Macron sera donc accompagné d’une délégation de chefs d’entreprise à Addis-Abeba, où il rencontrera la présidente Sahle-Work Zewde et le Premier ministre Abiy Ahmed. Depuis son accession au pouvoir le 2 avril 2018, l’homme d’État multiplie les réformes – réconciliation avec l’Érythrée, levée de l’état d’urgence, mais aussi libéralisation partielle de plusieurs secteurs clés de l’économie – et gagne la confiance des investisseurs. Un atout de taille pour un pays dont le taux de croissance avoisine chaque année les 8 %.
Un partenariat gagnant-gagnant avec le Kenya ?
Le lendemain, rendez-vous est pris avec Uhuru Kenyatta. Au programme des discussions, des projets communs d’infrastructures et de transports. Car même si le Kenya reste encore un partenaire commercial mineur – avec seulement 150 à 200 millions d’exportations en 2017 – la visite d’Emmanuel Macron est l’occasion pour la France de signer des contrats de l’ordre de 3 milliards d’euros, dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, et de développement durable. Selon l’Élysée, relayé par l’AFP, « l’Éthiopie et le Kenya ont d’immenses besoins d’infrastructures » et « le président de la République est attendu sur les instruments financiers que nous pouvons mettre sur la table, et nos entreprises sur les modèles de partenariat qu’elles peuvent proposer sans accroître la dette » de ces États, contractée en grande partie auprès de la Chine.
Et c’est justement pour s’affirmer face à la puissance asiatique que le Conseil de chefs d’entreprise France-Afrique de l’Est du Medef fait également le voyage, un an après la visite de la délégation de Medef International dans la capitale kényane. Objectif : mettre en avant des projets d’entreprises françaises qui répondent aux priorités économiques fixées par le gouvernement dans le cadre Big Four, le programme de développement phare d’Uhuru Kenyatta. « Le Kenya jouit d’une position de plateforme régionale (ferroviaire, aérienne, portuaire et financière), de fondamentaux économiques robustes (croissance, capacité d’endettement non souverain) et d’une taille de marché très intéressante avec 50 millions d’habitants, premier PIB de la zone », a souligné le Medef, citée par la Pana.
La relative stabilité du pays, porte d’entrée du marché de la Communauté d’Afrique de l’Est et ses 200 millions d’habitants, attire d’ailleurs de plus en plus d’entreprises françaises. Le groupe Carrefour possède en effet plusieurs surfaces à Nairobi et l’enseigne sportive Decathlon vient d’y ouvrir son premier magasin. Une cinquantaine d’autres grandes entreprises françaises sont implantées dans la région comme Total, Saint-Gobain, Bolloré, Orange, CMA-CGM, Soufflet, Peugeot, Essilor, Bonduelle, L’Oréal, EDF, Engie ou encore Danone, qui a acquis 40 % du leader des produits laitiers dans le pays et Schneider.
Avec le Point Afrique