Il y a quelques jours à Libreville, les vétérans de la politique gabonaise faisaient le diagnostic de la situation politique du pays, pour déboucher sur des préconisations.
Parmi les vétérans, de nombreux opposants au régime d’Ali Bongo, et les soutiens les plus importants de Jean Ping à la présidentielle de 2016. On peut citer Jules Aristide Bourdes Ogouliguende, Paul Malekou, Louis Gaston Mayila, Paul Mba Abessole, David Mbadinga et Richard Moulomba Mombo.
Un diagnostic accablant
En terme de diagnostic, les dignitaires constatent « une crise multiforme » marquée sur le plan social par « la défaillance des systèmes éducatif et de santé, le déni des droits de la personne humaine et surtout du travailleur, les violences policières et militaires, la dépravation des mœurs et les crimes rituels organisés, la perte des milliers d’emplois, l’insatisfaction des revendications syndicales et l’insécurité galopante. »
Dans le volet économique, les leaders politiques ont dénoncé « les détournements massifs des deniers publics, la promotion de l’impunité, la fermeture de plusieurs entreprises, les licenciements économiques, l’étranglement des entreprises locales par le non-paiement de la dette intérieure et le blanchiment des capitaux ainsi que la corruption massive. »
Sur le volet politique, les opposants se sont prononcés contre la duperie politique, l’interdiction absolue des rassemblements et des marches pacifiques, le règne de la terreur, la chasse aux sorcières, la modification unilatérale de la constitution et surtout la mauvaise préparation des prochaines législatives.
Les dignitaires pour le report des législatives
Louis Gaston Mayila et ses pairs ont réclamé un nouveau report de ces élections. La raison : « Le délai d’avril 2018 pour organiser les élections législatives n’est pas réaliste. Dans ce délai, il nous parait impossible en effet d’organiser des élections dignes et transparentes. Nous souhaitons que ces élections n’entrainent pas de nouvelles contestations comme toutes celles que nous avons connues depuis 1990. Nous ne pouvons plus nous permettre de rater ce tournant. Ce qui risquerait de nous entrainer dans une guerre civile. Nous suggérons donc, pour la stabilité et pour l’intérêt supérieur de notre nation, de reporter ces élections à une date ultérieure que nous devrions choisir d’un commun accord ».
Et la réconciliation nationale
Les dignitaires ont souhaité également qu’avant la tenue de ces élections, que se tiennent au Gabon, des assises pour la réconciliation nationale. Un projet de salut public que défends Louis Gaston Mayila depuis le 30 décembre 2017. Les opposants estiment qu’il est temps « d’abolir le souvenir des injures, des meurtres même. Si nous restons dans nos brouilles, c’est nous-mêmes qui allons en mourir ».
La réaction du gouvernement et du patron du pouvoir d’action, Ali Bongo Ondimba est attendue.