Accueil ACTUALITES Retrait politique de Paul Mba Abessole : réaction de Maitre Mayila

Retrait politique de Paul Mba Abessole : réaction de Maitre Mayila

PARTAGER

Le président de l’Union pour la Nouvelle République (UPNR, opposition) Louis Gaston Mayila vient de nous accorder cette interview dans sa résidence de Montagne Sainte, à Libreville, au lendemain du retrait de Paul Mba Abessole de la vie politique. Le leader de l’UPNR donne sa réaction à chaud et revisite l’actualité politique du Gabon.

 

Paul Mba Abessole vient de mettre un terme à sa carrière politique, après 45 ans de combat. Votre réaction.

 

Salut l’artiste, salut grand Paul. C’est Gachiton comme tu aimais à m’appeler lorsque nous étions sur les bancs du gouvernement…Tu manqueras à beaucoup et surtout à ceux qui depuis des années te suivent, t’écoutent et ont observé ton parcours…que de souvenirs ! Nous sommes nombreux à vouloir suivre ton exemple, à vouloir tirer notre révérence, à vouloir regarder par-dessus la forêt des têtes,  regarder plus haut vers les hauteurs de la pensée…la politique c’est quoi encore ? Que reste-t-il du débat d’idées de la confrontation des arguments, des idéaux qui ont guidé nos actions, nos orientations, nos engagements ? Le débat a fait place à l’invective, à l’injure, à la volonté farouche de vaincre…mais vaincre qui ? Vaincre quoi ? Notre but à nous n’était pas de vaincre mais de convaincre, de donner un sens à une vie faite d’engagements. Toi le Pasteur ta vie c’est aux autres que tu la consacre. J’espère nous allons continuer à nous rencontrer au gré des circonstances,  un peu nostalgiques de voir le débat déserter les tribunes, vide de tous  sens,  perdu dans l’anonymat de la toile qui donne par un confort lâche,  la parole à une violence qui offre aux médiocres l’occasion d’injurier, d’accuser, de distribuer des points qui ne valorisent personne. Je sais que tu vas continuer d’échanger, de nous nourrir de ta pensée…la politique est maintenant abaissée,  avilie… que le mérite est ailleurs.  O tempora ! O  mores ! Bonjour Paul.

 

On a l’impression que vous avez le dégoût, voire une certaine nausée de la chose politique.

 

Le dégoût, non. La déception oui. Comment peut-on assister impuissant devant le pays qui se meurt, devant la perte des valeurs ?  Je n’ose pas dire de toutes nos valeurs, mêmes cardinales.   Ceux qui pensent faire de la politique n’ont plus d’interlocuteurs ! Chacun parle à ses intérêts, pour ne pas dire à son intérêt quelque soit le camp dont il se réclame ! « On ne vous reproche pas de vous exprimer, mais de reconnaitre qu’il y a un gouvernement en face ». Une telle reflexion vous donne des vertiges. S’il n’ya pas de gouvernement en face, alors vous vous opposez à qui ? Une certaine nausée ? Non, mais un haut le cœur à la limite.  On peut pardonner à ceux qui regardent le bout du doigt quand on leur montre la lune, mais difficilement pardonner à ceux qui veulent couper le doigt pour qu’ils ne vous montre plus rien.

 

Alors comment redonner à la politique sa noblesse ?

 

En allant de l’avant, en oubliant les propos désobligeants, en nous tournant vers une modestie qui nous incite à dire que la vérité c’est « je ne sais rien ». mais que si en passant je peux en échangeant , éclairer, éviter ou_ faire éviter une confusion, je peux me  consoler en me disant «  j’ai joué ma partition, j’ai joué la flute sur la place publique, mais personne ne m’a entendu ». La noblesse de la politique réside dans ce que l’on donne, mais pas dans ce que l’on reçoit ni de ce qu’on fait de vous…moi je ne sais pas si j’étais perçu par mes compatriotes comme nous percevons aujourd’hui ceux qui prétendent nous gouverner. Si c’est le cas,  je le regretterai toute ma vie.

 

Certains de vos pairs de l’opposition vous reprochent d’avoir reconnu la réélection d’Ali Bongo, alors qu’ils continuent à réclamer son départ du pouvoir et à contester les résultats de la présidentielle Pouvez-vous éclairer l’opinion sur votre posture ?

 

Mais je voudrais être sourd que d’entendre ça ! J’ai reconnu quoi ?  La réélection de qui ?  Quand et où ?  Pour moi c’est Jean Ping qui a gagné l’élection présidentielle et je suis pour quelque chose dans cette victoire. Comme tout le monde, je conteste la proclamation qui a fait d’Ali Bongo le vainqueur de cette élection. Ce n’est pas ce que les Gabonais ont voulu, mais c’est ce qui est là. Ce n’est pas ce que j’ai voulu par ma campagne et par mon vote, mais c’est ce qui est là.  Il y a un  chef d’Etat dans ce pays. On l’aime, on ne l’aime pas, il s’appelle Ali Bongo Ondimba. C’est lui qui a le pouvoir d’action. C’est lui qui est aux commandes du pays, à la tête d’un pouvoir auquel je suis opposé. S’il n’y a pas de pouvoir, s’il n’y a pas de président, alors ceux qui se disent opposants s’opposent à qui ? Il faut arrêter de tromper le peuple par des sorties, des annonces qui peuvent faire rêver, mais qui ne traduisent pas la vérité. Moi je continue à dire : « parlons ensemble.  Tout est possible, mais donnons une forme au dialogue pour qu’il soit utile. L’émotion n’est pas un argument en politique. On peut tout regretter, mais le dialogue reste maitre mot. On ne dialogue pas aves ses amis ni avec ceux qui vous applaudissent. Mais avec ceux qui ne pensent pas comme vous et qui contestent vos choix. » C’est cela le sens du 3e dialogue impartial que nous appelons de tous nos vœux. S’il n’a pas lieu aujourd’hui, il aura lieu demain. S’il n’a pas lieu demain, il aura lui après demain. Mais il aura lieu.

 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE