Dans une lettre adressée aux Algériens et lue à la télévision, Abdelaziz Bouteflika a annoncé une série d’engagements, dont une présidentielle anticipée.
Abdelaziz Bouteflika a promis que, s’il était élu pour un cinquième mandat, une élection présidentielle anticipée aurait lieu en Algérie d’ici un an et qu’il n’y serait pas candidat, a annoncé, dimanche, la télévision algérienne. Alors que la date butoir des dépôts de candidatures approchait, le président algérien a choisi de s’exprimer dans une lettre. Il confirme donc sa candidature à un cinquième mandat. « Si le peuple algérien me renouvelle sa confiance » le 18 avril, « je prends solennellement devant Dieu et devant le peuple algérien » l’engagement d’organiser « une élection présidentielle anticipée », dont la date sera arrêtée par une « conférence nationale » mise en place après le scrutin, annonce le chef de l’État dans sa lettre. Après la publication de cette lettre, vers 20 heures, le directeur de campagne de Bouteflika, Abdelghani Zaalane, s’est chargé de déposer le dossier de candidature du chef de l’État, a annoncé l’agence officielle APS.
Bouteflika prêt à céder le pouvoir dans un an ?
Le premier engagement que prend le chef de l’État face à l’ampleur des manifestations est donc d’organiser « une élection présidentielle anticipée. » « Je m’engage à ne pas être candidat à cette élection qui assurera ma succession dans des conditions incontestables de sérénité, de liberté et de transparence », ajoute Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, qui dit avoir « écouté et entendu le cri du cœur des manifestants et en particulier des milliers de jeunes qui [l’]’ont interpellé sur l’avenir de notre patrie ».
Ces jeunes « ont exprimé une inquiétude compréhensible face aux incertitudes qui les animent. J’ai le devoir et la volonté d’apaiser les cœurs et les esprits de mes compatriotes » et de répondre à « leur exigence fondamentale […], le changement du système », poursuit le président algérien, élu pour la première fois en 1999 et réélu sans discontinuer depuis.
Le deuxième engagement concerne la mise en place, « juste après l’élection présidentielle, une conférence nationale inclusive et indépendante pour débattre, élaborer et adopter des réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales devant constituer le socle du nouveau système rénovateur de l’État national algérien en harmonie avec les aspirations de notre peuple ». Troisièmement, Abdelaziz Bouteflika s’engage à mettre en œuvre « l’élaboration et l’adoption par référendum populaire d’une nouvelle Constitution qui consacrera la naissance de la nouvelle République et du nouveau système algériens ».
Bouteflika prend six engagements
Pour répondre aux manifestants qui réclament la fin d’un système, Bouteflika promet encore « la mise en œuvre rapide de politiques publiques garantissant une redistribution des richesses nationales plus juste et plus équitable, et l’élimination de la marginalisation et de l’exclusion sociales, y compris le phénomène de la Harga, ainsi qu’une mobilisation nationale effective contre toutes les formes de corruption ». Sur le plan des élections, le désormais candidat à la présidentielle du 18 avril s’engage à modifier « la loi électorale avec notamment la création d’un mécanisme indépendant d’organisation des élections qui aura la responsabilité exclusive de l’organisation des élections ».
En annonçant sa candidature, le 10 février, le chef de l’État avait promis dans une lettre-programme l’organisation d’une conférence nationale regroupant « toutes les forces politiques, économiques et sociales de la Nation », et chargée de définir « les réformes et changements nécessaires ». Il avait toutefois précisé que c’est lui qui s’occuperait de la concrétisation des conclusions de la conférence. Abdelaziz Bouteflika est hospitalisé en Suisse depuis sept jours, officiellement pour « des examens médicaux périodiques ». Son retour en Algérie n’a toujours pas été annoncé.
Avec le Point Afrique