Les patients sans aucun symptôme sont-ils malgré tout contagieux? Voilà l’une des questions essentielles de la crise sanitaire et la réponse implique de grands enjeux tant sanitaires qu’économiques. Alors qu’on avançait initialement que les personnes qui ne présentent pas ou peu de symptômes pouvaient tout aussi bien propager le virus que les plus souffrants, l’OMS estime désormais que les contaminations via des sujets asymptomatiques sont en réalité à peine recensées, rapportent nos confrères de 7sur7.be.
Selon une étude menée à Hongkong et relevée par le virologue belge Steven Van Gucht en avril lors de l’une des conférences de presse sur l’évolution du virus, les personnes infectées seraient déjà contagieuses durant les deux à trois jours précédant les premiers symptômes de la maladie et sont donc dangereux pour les individus sains. Cette information avait suscité un vent de panique, parce qu’elle induisait que le virus était tout simplement quasi impossible à pister à temps.
Ce sont surtout les sujets les plus jeunes et en bonne santé qui, infectés par le Covid-19, ne présentent que des formes asymptomatiques de la maladie ou des signes très légers. C’est pour cela qu’ils ne découvrent, s’ils s’en rendent jamais compte, que plusieurs jours après qu’ils sont en réalité infectés et ont parfois contaminé des proches à leur insu. C’est aussi ce qui a poussé à la fermeture des écoles et l’isolement des enfants, que l’on craignait être le vecteur silencieux le plus problématique du virus. Mais les dernières études indiquent qu’en réalité, ces “patients” sans symptôme ne seraient pas vraiment dangereux. “Même si la contamination par patient asymptomatique est possible, ce n’est pas le vecteur de propagation le plus important du virus”, résume désormais l’OMS sur base des derniers rapports.
L’OMS a accès à toutes les données des pays qui effectuent un traçage précis des infections, comme à Singapour. “Il se révèle extrêmement rare qu’une personne asymptomatique contamine réellement une autre personne”, en a ressorti dans une conférence de presse à Genève Maria Van Kerkhove, chef du département des maladies émergentes et des zoonoses.
La spécialiste conseille donc aux gouvernements de se focaliser sur les personnes infectées présentant des symptômes, de les isoler et tracer au plus vite. “C’est ce sur quoi nous devons concentrer tous nos efforts: les cas cliniques du Covid-19. Si nous suivons avec prudence et efficacité ces cas-là, si nous parvenons à les mettre en quarantaine et à retracer les personnes avec qui ils ont eu des contacts et que nous isolons à leur tour ces sujets, nous pourrons radicalement freiner l’épidémie”, conclut-elle. Une information qui rassurera aussi tous ceux qui ont peur de sortir de chez eux malgré le déconfinement, par peur pour eux ou à l’idée de contaminer des proches.