93,25 % des Marchés Publics au Gabon sont attribués sans appel d’offres.
L’impunité érigée en système ?
Alors même que la législation gabonaise encadre strictement le recours à la procédure de gré à gré, le dernier Conseil des ministres a révélé, dans une indifférence presque glaciale, une réalité alarmante.
Pour l’exercice 2025, 93,25 % des marchés publics ont été attribués sans appel d’offres!
Une violation manifeste de la loi.
L’article 71 du Code des marchés publics du Gabon, modifié par le décret n° 00027/PR/MEPPDD du 17 janvier 2018, ne laisse pourtant place à aucune ambiguïté : l’appel d’offres constitue la règle, tandis que le gré à gré est l’exception, strictement limité à 15 % du volume total des marchés.
Cette disposition vise à garantir la transparence, à promouvoir une saine concurrence et à prévenir la corruption dans la gestion des deniers publics. Pourtant, le chiffre livré par les autorités semble défier ouvertement cet équilibre juridique et éthique.
Une annonce désarmante, un silence assourdissant
Ce scandale, dévoilé sans le moindre émoi ni perspective de poursuites, témoigne d’un mépris flagrant de la loi. Comment, dans un contexte de discours répétés sur la bonne gouvernance, peut-on justifier que l’immense majorité des marchés publics soient attribués en dehors de tout processus concurrentiel ?
Qui sont les ordonnateurs ? Qui a signé ces contrats ? Et surtout, pourquoi aucune suite judiciaire n’est-elle envisagée ?
Ce procédé, consistant à informer sans agir, ressemble à une manœuvre maladroite visant à apaiser l’opinion tout en protégeant les auteurs de ces abus. Il ne s’agit plus de simples irrégularités, mais d’une violation systématique du droit, couverte, semble-t-il, au plus haut niveau de l’État.
Des responsabilités à tous les niveaux
Il est désormais impératif de désigner les responsables de cette dérive institutionnalisée.Ce ne sont pas les textes qui manquent, mais la volonté de les faire respecter.
Du ministère de l’Économie, en charge des arbitrages budgétaires, au ministère des Infrastructures, maître d’œuvre des grands projets, jusqu’à la Présidence de la République, qui valide les contrats stratégiques, les acteurs doivent être identifiés, entendus et, le cas échéant, traduits en justice.
L’heure n’est plus aux rapports creux ni aux conférences de façade.
Le peuple gabonais exige des audits indépendants, des sanctions exemplaires et des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces irrégularités massives.Sinon, à quoi bon voter des lois, si ceux qui sont chargés de les appliquer s’en affranchissent en toute impunité ?
L’impunité ne peut plus être la norme
Ce nouveau scandale révèle un mal profond : l’impunité institutionnalisée, où une élite administrative et politique s’arroge le droit de contourner les règles, au détriment de l’intérêt général.
Pendant ce temps, des entreprises locales souvent plus compétentes, meurent en silence, exclues des marchés publics par l’absence d’appels d’offres équitables et transparents.
Il est temps de dire stop.
Le peuple gabonais a droit à la vérité, à la justice et à des institutions responsables. Il ne peut plus se contenter d’annonces sans lendemain.
Assez d’effets d’annonce!
Place aux sanctions!
Chaque ministre, chaque directeur général, chaque signataire impliqué dans ces ententes directes doit répondre de ses actes devant la loi. Il en va non seulement de la crédibilité de l’État, mais de la survie même de la démocratie gabonaise.
Justine Judith Lekogo