Le gouvernement vient de prendre des sanctions particulièrement lourdes à l’encontre des élèves qui se sont laissés aller à des jeux obscènes sur les réseaux sociaux.
Il faut d’abord relever qu’en annonçant ces sanctions à la radio et à la télévision, il a lui-même donné une plus grande audience à un événement qui était jusque-là circonscrit aux seuls abonnés des réseaux sociaux.
En somme, il s’est laissé piéger et sa réaction, à bien y regarder, est disproportionnée. Elle est surtout contreproductive en ce qu’elle condamne de façon quasi certaine l’avenir de ceux qui, ont certes commis une faute, mais restent malgré tout, des enfants, nos enfants.
En effet, cette sanction équivaut en partie en réalité à la fin quasi définitive de la scolarité de ceux et celles qui se sont ainsi illustrés. Personne n’ignore que trois ans pour une jeune fille de 15-18 ans, c’est très probablement à brève échéance le début d’une maternité sans qualification pour un emploi ; pour un jeune garçon, un abonnement quasiment assuré aux cercles de consommation de stupéfiants et autres bandes peu recommandables, là aussi sans qualification pour un emploi.
Ce faisant, c’est une sanction qui frappe aussi leurs parents, probablement assommés par une agitation insoupçonnée de leurs enfants. Ils vont devoir les trainer comme des boulets ou les rejeter tant pour la honte qu’ils leur ont faite que pour leurs espoirs qu’ils ont déçus.
Comme j’aime à le dire : les fautes ne s’équilibrent pas, ne se compensent pas : elles s’additionnent. Une main trop lourde pour sanctionner une faute conduit à une autre faute, une autre blessure.
Ce n’est pas en rejetant nos enfants pour les fautes qu’ils ont commises que nous effacerons ces fautes. Ce qui s’est passé est grave. Mais aucun villageois ne laisse sa machette en forêt parce qu’elle l’a blessé. Toujours il la ramasse, coupe même quelques feuilles et des lianes pour se faire un premier pansement puis revient au village avec elle.
Alors heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde. D’autres sanctions sont possibles sans remettre en cause la scolarité ; sans excès car, comme l’a rappelé un illustre penseur, tout ce qui est excessif est insignifiant ; sans aller au rejet qui ne fait pas partie de notre registre culturel.
RAYMOND NDONG SIMA