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Covid-19 et hydroxychloroquine : fin de partie ?

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Une vaste étude observationnelle publiée dans la revue « The Lancet » et relayée par le Point Afrique, pointe un risque accru de décès associé au traitement préconisé par le Pr Raoult.

L’étude n’est qu’observationnelle et ne mettra pas fin au débat entourant le traitement « miracle », et très controversé, promu par  le professeur marseillais Didier Raoult, puisqu’elle porte sur des patients hospitalisés, atteints de formes graves du Covid-19. Elle est néanmoins, à ce jour, la plus sérieuse jamais conduite pour évaluer, entre autres, l’efficacité de l’hydroxychloroquine, associée ou non avec un macrolide (un antibiotique, NDLR), dans le traitement de la maladie.

Dans cette étude publiée vendredi par The Lancet, des chercheurs des hôpitaux de Zurich et de Boston ont analysé les réponses aux traitements de 96 032 patients hospitalisés entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020, tous positifs au Sras-CoV-2, dans 671 hôpitaux répartis sur six continents. À l’issue de l’étude, tous les patients étaient soit décédés, soit sortis de l’hôpital.

Quatre groupes se sont vu administrer l’un des quatre traitements parmi les plus débattus. 1 868 patients ont reçu de la chloroquine seule, et 3 783 patients de la chloroquine associée à un macrolide (soit de l’azithromycine, soit de la clarithromycine, NDLR). L’autre groupe a reçu soit de l’hydroxychloroquine (3 016 patients), soit un cocktail d’hydroxychloroquine et d’un macrolide (6 221 patients). Les 81 144 autres patients ont intégré le groupe contrôle.

Et les résultats sont éloquents. «  Nous avons été incapables de confirmer un bénéfice de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine […] sur le pronostic des malades de Covid-19 hospitalisés », écrivent les auteurs. En revanche, «  chacun de ces protocoles, quand il a été utilisé pour le traitement de Covid-19, a été associé à une diminution de la survie à l’hôpital et une augmentation de la survenue des arythmies ventriculaires ». Dans les groupes traités, la mortalité oscille entre 16,4 % et 23,8 %, alors qu’elle atteint seulement 9,3 % dans le groupe témoin. Le cocktail hydroxychloroquine-macrolide est le plus problématique, s’étant soldé par le décès de 23,8 % des patients, soit un sur quatre. Pour les malades soumis à ce traitement, conclut l’étude, le risque de décès est donc multiplié par cinq.

Des effets secondaires graves

Les auteurs expliquent cette surmortalité par l’apparition d’effets secondaires graves, essentiellement cardio-vasculaires, chez les patients soumis à traitement, le plus délétère étant l’association hydroxychloroquine-azithromycine. Et elle n’est pas surprenante : hydroxychloroquine et azithromycine sont connues pour allonger l’intervalle QT, l’une des données mesurées par l’électrocardiogramme. L’allongement de cet intervalle peut être à l’origine de troubles du rythme cardiaque pouvant, chez un faible nombre de patients, provoquer des syncopes, voire des morts subites.

Les doses administrées dans le traitement du Covid-19, proches du seuil de toxicité, et qui plus est sur des patients plus à risques de complication, car présentant de nombreuses comorbidités, exposent à «  un risque accru d’arythmie ventriculaire », soulignent les auteurs. Qui concluent : « Nous n’avons trouvé aucune preuve du bénéfice de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine, associée ou non avec un macrolide. Les preuves précédentes provenaient d’un petit nombre d’études anecdotiques ou de petits essais randomisés non concluants. […] Bien que des études observationnelles ne puissent parfaitement rendre compte de facteurs de confusion non mesurés, nos constatations suggèrent non seulement l’absence de bénéfice thérapeutique de ces traitements, mais aussi leur danger potentiel pour les patients hospitalisés atteints du Covid-19. »

Avec le Point Afrique

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