Il est plus que temps de mettre un terme à la prolifération de colloques, séminaires et forums grandiloquents, qui, depuis les années 1980, pullulent au Gabon sans jamais déboucher sur des réformes structurelles concrètes.
Ces rencontres, souvent organisées avec faste, mobilisent d’importantes ressources publiques et servent davantage de vitrines communicationnelles que d’espaces de décisions effectives. On se souvient de la Conférence nationale de 1990, certes historique, mais aussi des multiples initiatives qui lui ont succédé — le Forum de la jeunesse en 2015, le Dialogue politique d’Angondjé en 2017, ou encore les Assises sur la réforme de l’éducation nationale — toutes généreuses en discours, mais pauvres en résultats mesurables.
L’exemple emblématique du New York Forum Africa, organisé à Libreville sous l’impulsion de Richard Attias et largement soutenu par le régime d’Ali Bongo Ondimba, incarne cette tendance. Pendant plusieurs années, cet événement, présenté comme une vitrine du « Gabon émergent », a englouti des milliards de francs CFA pour accueillir des personnalités internationales, sans que les retombées socioéconomiques pour les Gabonais soient perceptibles. Derrière le vernis du développement, ces forums ont souvent été le théâtre de surfacturations massives, de contrats opaques, et d’une utilisation douteuse de l’argent du contribuable.
Aujourd’hui encore, les mêmes recettes semblent reconduites, comme si le changement de régime ne s’était accompagné d’aucune rupture réelle. La mise en scène politique a simplement changé de visages, mais les mécanismes de gestion et de dépense publique restent inchangés.
Les Gabonais, épuisés par des décennies de promesses non tenues, attendent des actes et non des discours. Plutôt que de continuer à dilapider des fonds publics dans des événements sans lendemain, le gouvernement devrait se concentrer sur l’exécution rigoureuse des recommandations déjà formulées, tout en renforçant les institutions chargées de leur mise en œuvre. Le pays n’a plus besoin de lieux de palabres, mais d’un cap clair et d’une volonté politique assumée pour traduire les paroles en actes. Le temps de la contemplation perpétuelle est révolu ; celui de l’action concrète et mesurable doit enfin s’imposer.
Justine Judith Lekogo