Daisy Lekounda Mpouoh, leader politique, femme engagée et de sciences, dans un entretien accordé à notre rédaction, donne son opinion sans émotion sur la question de la dépénalisation de l’homosexualité. Avec un regard prospectif, elle anticipe, débrousse, éclaire sur les joutes politiques à venir. Entretien !
Le Parlement vient de valider le projet de loi sur la dépénalisation de l’homosexualité. Avez-vous une réaction ?
Ce qui crée la polémique c’est qu’il y a comme un sentiment de manque de représentativité d’une partie de la population dans ce vote. Le nombre de votants par rapport au nombre d’élus du parlement en est très probablement la cause. Ceux qui ont voté contre estiment que ce qui n’est pas interdit est autorisé et mettent en avant que dans toutes les sociétés, les lois tirent leurs sources des mœurs et des cultures locales. A contrario, les défenseurs de cette loi y opposent des arguments reposant les libertés individuelles, base de toute République laïque comme le Gabon : un adulte a le droit de choisir son orientation sexuelle en conformité aux standards internationaux qui garantissent des droits a chaque individu.
Quelle est votre position personnelle par rapport à cette question ?
Je suis contre l’homosexualité pour de nombreuses raisons, je suis une femme conservatrice des valeurs de famille et la plupart de mes choix sont guidés par l’équilibre entre la tradition et le modernisme. Mais au-delà de ma position personnelle, j’invite les populations à respecter les opinions de chacun mais également à respecter l’Etat de droit qui confère au parlement le pouvoir de légiférer sur des questions de société.
Ainsi il nous appartient à nous, partis de la majorité, quelle que soit notre position de faire preuve de pédagogie : expliquez d’une part la notion d’Etat de droit et d’autre part la différence entre dépénalisation et légalisation. La constitution qui préserve la notion de famille traditionnelle et le code civil sont inchangés. Il est également important de rappeler que le code pénal reste applicable contre les atteintes aux mœurs et les atteintes à la pudeur.
Quelles peuvent être les conséquences politiques du vote de ce projet de loi par le Parlement ?
Il est à craindre essentiellement de possibles récupérations politiques d’une certaine frange de l’opposition, espérant manipuler les populations sur des questions d’actualité. D’où cette nécessaire démarche pédagogue des partis de la majorité présidentielle pour l’émergence.
En 2023 la dépénalisation pourrait être au cœur des arguments de l’opposition mais le peuple sera déjà édifié sur l’Etat de droit qui confère la prédominance du droit sur la puissance publique et le pouvoir politique. S’il est vrai que les populations se sentent bafouées ou exclues du débat, il faut retenir que nous vivons dans une République et nous sommes soumis à un certain fonctionnement institutionnel.