Le ministère des affaires étrangères a pris en main le chaos qui règne pour les Français bloqués, des vols sont mis en place depuis samedi.
Jamais l’aéroport de Marrakech n’aura connu autant de touristes furieux. Samedi 14 mars, plusieurs centaines de voyageurs français ont scandé, en boucle, « Macron, un avion », semant la pagaille dans l’aéroport. Depuis l’annonce par le Maroc, la veille, de l’interruption jusqu’à nouvel ordre de ses liaisons avec la France due au coronavirus, des milliers de ressortissants français, 20 000 selon le ministère des affaires étrangères, se trouvent bloqués dans plusieurs villes marocaines sans solution de retour. « On est pris au piège ! », « Macron, rapatrie-nous », « La France nous abandonne », hurlaient-ils dans le terminal international de Marrakech.
L’après-midi, alors que la quasi-totalité des vols ont été annulés, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a assuré sur Twitter que « les autorisations nécessaires pour l’organisation des vols retour seront données », après s’être entretenu avec son homologue marocain, Nasser Bourita. « De nouveaux vols sont en cours d’organisation pour vous permettre de regagner la France. Je demande aux autorités marocaines de veiller à ce que tout le nécessaire soit fait au plus vite », a tweeté à son tour le président, Emmanuel Macron.
Juste avant, le standard du Quai d’Orsay avait explosé devant les milliers d’appels concernant le Maroc et une cellule de crise avait été mise en place. De source diplomatique, Jean-Yves Le Drian a effectivement eu, dès vendredi soir, M. Bourita pour que soient autorisés des vols de rapatriement partant à vide de France. Ils se sont entretenus à plusieurs reprises depuis et samedi matin des premiers vols ont pu partir.
« On n’a aucune information fiable ! »
Dimanche matin, le nombre de Français à rapatrier était encore estimé à 12 000, selon le ministère des affaires étrangères. Une quarantaine de vols doivent donc encore partir aujourd’hui de différentes villes marocaines (Casablanca, Tanger, Marrakech, Agadir) et ces navettes devraient se poursuivre encore lundi après-midi.
A Casablanca, où le vent de panique avait également gagné l’aéroport Mohammed-V, les agences de Royal Air Maroc et d’Air France ont été prises d’assaut. « Depuis le Tweet de Macron, tout le monde essaie d’acheter un billet. Il paraît qu’ils vont autoriser un vol à 2 heures du matin avec Air France, raconte Mathieu, un touriste marseillais de 38 ans. Je ne quitterai pas l’aéroport d’ici là ! Cela fait vingt-quatre heures que j’essaye de prendre un billet en ligne. Les prix atteignent jusqu’à 4 000 euros. Et les compagnies proposent des vols et les annulent juste après. On n’a aucune information fiable ! »
Anna, 36 ans, enceinte de cinq mois, est arrivée de Marrakech en taxi pour tenter sa chance au comptoir d’une compagnie, où les bousculades se multiplient. « Il y a des vols depuis Casablanca vers la Suisse et la Belgique. J’ai réussi à avoir une place pour aller à Bruxelles, d’où je prendrai le Thalys. » Certains réservent des vols vers Istanbul ou Francfort. « Nous n’avons pas le choix, insiste Anna. J’ai une fille de 8 ans en France et, avec les écoles fermées, qui va s’occuper d’elle ? Sans parler du fait que si la situation dure, qu’est-ce qu’ils vont faire de nous ? On est complètement pris en otage, c’est scandaleux. »
Source : Le Monde