Le groupe de télécom français, qui ne se veut pas comme un simple opérateur de téléphonie en Afrique, a lancé le 25 avril à Tunis « Orange Digital Center ». Un Tiers lieu de l’innovation qui réunit dans un même espace plusieurs programmes allant de la formation des jeunes en passant par l’accompagnement, jusqu’à l’accélération des start-up et l’investissement dans ces dernières. Le premier de la zone Afrique et Moyen-Orient est implanté à Tunis en attendant que d’autres voient le jour dans les pays où le groupe est présent. L’opérateur mise ainsi sur l’innovation made in Africa et se pose comme un acteur du développement du numérique sur le continent, tout en préparant les jeunes aux métiers de demain et en encourageant l’entrepreneuriat par la même occasion. Reportage à Tunis de nos confrères d’ANA.
Par Dounia Ben Mohamed
Dans le très moderne quartier du Lac, à Tunis, où sont installés cafés et restaurants branchés, hôtels étoilés, et boutiques dernières tendances, aux côtés des entreprises qui incarnent la compétitivité du made in Tunisia, un espace d’un genre nouveau dans l’écosystème tunisien a ouvert ses portes. L’Orange Digital Center. Présenté comme « Un Tiers lieu de l’innovation », l’établissement, qui en compte trois, l’Orange Developer Center ou École du code, le Fablab et l’Orange Fab, a vocation à promouvoir la formation par le numérique, et préparer ainsi les jeunes aux métiers de demain tout en encourageant l’entrepreneuriat. En apportant, formation, accompagnement, jusqu’à l’investissement, à un large public, diplômés ou non diplômés, « sans aucune discrimination » insistent les porteurs du projet, et surtout, gratuitement.
« Il y a 8 ans, jamais nous n’aurions imaginé que nous allions atteindre ces résultats : 16000 jeunes formés sur tout le territoire et l’implantation de 5 centres en régions »
A quelques heures de son inauguration officielle, le 25 avril,_ en présence d’Anouar Maarouf Ministre des technologies de la communication ; Christine Albanel, ancienne ministre de la culture et présidente déléguée de la Fondation Orange ; Alioune Ndiaye CEO d’ Orange Afrique et Moyen Orient ou encore Thierry Millet DG Orange Tunisie_, Asma Ennaifer , Directrice des Relations Extérieures, RSE et Innovation Orange Tunisie ne peut cacher son excitation et rappelle la genèse de ce projet qui a débuté en 2010 soit à peine 7 mois après le lancement d’Orange Tunisie. « Il y a 8 ans, jamais nous n’aurions imaginé que nous allions atteindre ces résultats : 16 000 jeunes formés sur tout le territoire et l’implantation de 5 centres en régions (Nabeul, Kef, Sousse, Sfax prochainement et Insat). » En effet, à travers différents programmes, le Groupe déploie des programmes aussi variés que Super Codeurs, le POESAM, m-Education. Parallèlement, la Fondation Orange érige les FabLabs Solidaires, les écoles numériques et des maisons digitales.
« Ce projet n’est pas qu’un centre d’expertise technologique, ce n’est pas qu’un projet d’investissement, c’est aussi une formidable aventure humaine »
Cette fois, l’aventure est plus ambitieuse… et complète. « Nous n’aurions pas non plus rêvé que nous saurions entrain de déployer ce projet (Orange Digital Center) dans 20 pays du continent africain. Ce projet n’est pas qu’un centre d’expertise technologique, ce n’est pas qu’un projet d’investissement, c’est aussi une formidable aventure humaine. Les jeunes acquièrent non seulement une expertise technologique mais aussi un savoir être. Ils passent ainsi de l’état du diamant brut à celui de diamant pur. Depuis le début, nous avons eu à cœur de faire bénéficier gratuitement les jeunes de ce programme, diplômé ou non, quel que soit leur âge, leur lieu de résidence, filles ou garçons de 7 à 30 ans. Nous sommes fiers de contribuer au développement et au rayonnement technologique de la Tunisie. »
Un pays qui se rêve justement en hub technologique et pour lequel le choix d’Orange de démarrer cette nouvelle aventure à Tunis sonne comme une confirmation de son potentiel en la matière. Tandis qu’Orange, qui a choisi de faire de la Tunisie son laboratoire, poursuit son déploiement, selon sa stratégie globale pour l’Afrique, en misant sur la formation et l’accompagnement des start-uppers en herbe. « Les diplômés, non diplômés et autres, commencent par l’école du code où ils vont acquérir un certain nombre de compétences, une fois avoir atteint une certaine maturité dans leur projet, ils passent au FabLab où on va les aider à matérialiser leur idée ; enfin, ils finissent dans l’Orange Fab, l’accélérateur de start-up » explique Seif Dziri, responsable des projets mécénat et solidarité numérique, direction des relations extérieures, RSE et Innovation.
« Orange va jusqu’à investir dans ces start-up. Si ce groupe, qui est une marque internationale, leur signe un bon de commande, c’est signe de confiance »
Ainsi, la phase finale, mais néanmoins cruciale, inaugurée ce jour, est destiné à accompagner la start-up vers son marché. Local dans un premier, et plus si affinités… « S’ils ne trouvent pas de marché, c’est que nous avons mal fait notre travail », ironise Seif Dziri. Tout en soulignant que des start-up accompagnées ici ont d’ores et déjà décroché, après un premier bon de commande signé par Orange, des contrats sur la scène économique locale et même internationale. Et c’est là la valeur ajoutée de ce concept. « Orange va jusqu’à investir dans ces start-up. Si ce groupe, qui est une marque internationale, leur signe un bon de commande, c’est signe de confiance », souligne Asma. Grâce à Orange Digital Ventures Africa un fonds d’investissement, doté de 50 millions d’euros, précisément destiné à financer les start-up innovantes des pays du continent africain et du Moyen-Orient (FinTech, e-santé, énergie, edutech, govtech) qui cible les entrepreneurs.
6 autres pays avant la fin de l’année ; suivi en 2020, par le Maroc, l’Égypte puis l’ensemble des pays de la zone Afrique et Moyen-Orient auront leur Tiers-lieu de l’innovation
D’ici la fin de l’année, des établissements similaires seront implantés dans les filiales Orange au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Jordanie, au Cameroun, au Burkina Faso et en Sierra Leone. Suivi en 2020, par le Maroc, l’Égypte puis l’ensemble des pays de la zone Afrique et Moyen-Orient auront leur Tiers-lieu de l’innovation. L’occasion pour l’opérateur de se démarquer de ses concurrents, selon son slogan « Plus qu’un opérateur »… un acteur majeur de l’inclusion numérique pour permettre au plus grand nombre de devenir acteur du monde de demain. Car si le projet est en partie porté par la fondation Orange, il est loin de se limiter à la RSE. Il s’agit bien de business. « Ces nouveaux espaces, dédiés au développement de nos pays par le digital, ont vocation à consolider le positionnement d’Orange en tant qu’acteur de référence de la transformation digitale des pays dans lesquels nous sommes présents, confirme Alioune Ndiaye, CEO d’Orange Middle East & Africa. Fonctionnant en réseau, ces lieux permettront un échange d’expériences et d’expertises qui bénéficieront aussi bien aux étudiants, aux jeunes diplômés ou non diplômés, aux jeunes en reconversion professionnelles ainsi qu’aux entrepreneurs. Nous travaillerons donc en étroite collaboration avec l’ensemble des parties prenantes, dont les gouvernements et le monde académique, afin de renforcer l’employabilité de ces jeunes et les encourager à entreprendre ». De nouveaux acteurs numériques, nés dans le giron des filiales du groupe et destinés à devenir demain ses sous-traitants. « Ces start-up ont une agilité incroyable ! Ceux qu’on avait l’habitude d’attendre six mois avec d’autres prestataires, nous sont livrés en moins d’un mois par ces start-up » indique un membre de l’équipe Orange Tunisie.
« Soutenir le développement économique des pays permettra également d’améliorer à terme le pouvoir d’achat, ce qui impactera de façon positive le secteur des télécoms »
Alors que toutes les études confirment la montée en puissance du digital sur le continent dans les années à venir, développer les compétences numériques, notamment des jeunes, est incontestablement l’un des leviers de croissance des années à venir pour les pays de la zone MEA. Orange, déjà présent dans 20 pays en Afrique et au Moyen-Orient, avec 119 millions de clients pour un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros en 2017,se positionne ainsi comme un acteur clé de la transformation digitale sur le continent. « L’intérêt pour Orange est double : il s’agit de renforcer sa stratégie commerciale et d’ancrer davantage sa responsabilité sociale (RSE), assume le groupe dans le communiqué présentant le concept. L’intérêt commercial, en développant la préférence de marque chez les jeunes pour en faire ses prescripteurs, ce qui développera ses ventes sur le moyen et long termes. Construire des relations de business innovants avec les start-up accompagnées. L’Intérêt RSE, en accompagnement le développement socio-économique et la transformation digitale des pays, il s’agit de contribuer à la réduction du chômage des jeunes à travers essentiellement leur encadrement et leur accompagnement (promotion de leur employabilité et de l’entrepreneuriat). Soutenir le développement économique des pays permettra également d’améliorer à terme le pouvoir d’achat, ce qui impactera de façon positive le secteur des télécoms. » En apportant plusieurs pierres à l’écosystème, Orange se taille ainsi la part du lion….
Avec Africa News Agency