Tribune
Les hommes qui comme moi appartiennent au passé par la hauteur de leurs sentiments et à l’avenir par leur esprit ne trouvent que très peu de place dans le présent. En 2015 j’ai préconisé un dialogue avant les élections de 2016. Le CND quand j’y croyais encore avait même mis en place une commission ad hoc que j’ai eu l’honneur de présider. Cette commission sous mon autorité avait fait un rapport qui a été remis au chef de l’Etat et nous recommandions la tenue d un dialogue avant les élections pour préparer le terrain et les esprits. Là encore je peux dire que j’ai joué la flûte sur la place publique mais que ceux qui devaient m’écouter se sont bouchés les oreilles. Les élections ont été préparées en dépit du bon sens et elles se sont déroulées comme tout ce qui est fait en dépit du bon sens. Les résultats ont été ce que nous savons. J’ai à nouveau appelé au dialogue. Les acteurs politiques de notre pays dont je ne suis pas ont entendu tout et le contraire de tout.
Mon frère jean Ping et les acteurs de son camp dont je faisais encore partie à l’époque ont décidé d’organiser leur dialogue. J’ai cru que le ciel me tombait sur la tête. Je n’avais pas de mots pour dénoncer l’absurdité de l’initiative et j’ai quitté sans regret ce que d’aucuns ont appelé abusivement le camp Ping. Je n’avais pas voulu prendre part à ce monologue des amis et partisans de Ping.
Dans la foulée mon frère Ali Bongo Ondimba et son armée de partisans forts de leur victoire proclamée, pour faire pièce au dialogue du camp dit Ping se sont aussi lancé dans leur dialogue qui a pris le nom du quartier où il s’est ténu (Angondjé). Bien qu’ayant été fortement invité a y prendre part, j’ai poliment décliné l’offre malgré la qualité des arguments utilisés et la présence de certains opposants et pas des moindres. Pauvre Gabon ! Un pays, deux dialogues, donc pas de dialogue, mais deux monologues. Je ne voulais pas faire injure a l’intelligence et a la cohésion des arguments en assistant a ce deuxième monologue, alors que j’avais refusé d’assister avec force arguments au dialogue de Ping.
Ma présence aurait été simplement une prise de position pour prendre ma part a la soupe. Ce qui aurait été aussi contraire a cette posture que je revendique aujourd’hui : Ni à gauche, ni à droite mais toujours de l’avant pour le Gabon par la réconciliation nationale.
J’ai donc le 30 décembre 2017 lancé un appel a la réconciliation nationale. C’est le lieu de rendre hommage a ceux qui m’ont entouré a la circonstance et a ceux qui ont pris le relais en prenant l’idée à leur compte, dont de très nombreux jeunes qui se reconnaitront ici. Mais dans le Gabon dit émergeant, si vous n’appelez pas à la haine, à la vengeance et l’insulte vous n’avez pas la chance ni d’être entendu ni d’être compris.
Je dis que ce nouveau dialogue dont tout le monde parle actuellement et auquel je n’y crois pas s’il arrive à se tenir n’aura de sens de portée réelle et historique que s’il aboutit sur la réconciliation nationale.
Pour ce faire, tous les camps doivent se prononcer d’avance en indiquant les objectifs espérés et souhaités et Mayila de décliner le contenu de la réconciliation nationale qui constitue une action pour un idéal à travers les réalités.
Louis Gaston Mayila